Lamort n'est rien, je suis simplement passé dans la pièce d'à côté. Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné, parlez-moi comme vous l'avez toujours fait. N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
La mort n'est rien. Je suis simplement passé dans la pièce à côté. Je suis moi, tu es toi. Ce que nous étions l'un pour l'autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m'as toujours donné. Parle-moi comme tu l'as toujours fait. N'emploie pas de ton différent, ne prends pas un air solennel ou triste. Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Prie, souris, pense à moi, prie pour moi. Que mon nom soit toujours prononcé à la maison comme il l'a toujours été. Sans emphase d'aucune sorte, sans trace d'ombre. La vie signifie ce qu'elle a toujours signifié. Elle est ce qu'elle a toujours été. Le fil n'est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de ta pensée simplement parce que je suis hors de ta vue ? Je t'attends. Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin. Tu vois, tout est bien. souvent attribué à Charles Péguy mais plus probablement de Henry Scott Holland 1847-1918 Canon of St. Paul’s Cathedral
Menu can't login to paypal new phone number. henning conle westfalia; alkoholfahne nach einem glas wein La mort nest rien La mort nest rien, je suis simplement passé dans la pièce à suis moi, vous êtes que nous étions les uns pour les autres,Nous le sommes le nom que vous mavez toujours donné,Parlez-moi comme vous lavez toujours fait,Nemployez pas un ton solennel ou triste,Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble,Priez, souriez, pensez à moi,Que mon nom soit prononcé comme il la toujours été,Sans emphase daucune sorte, sans trace dombre,La vie signifie tout ce quelle a toujours signifié,Elle est ce quelle a toujours fil nest pas coupé,Simplement parce que je suis hors de votre vous attends. Je ne suis pas de lautre côté du voyez tout est bien. [Charles Péguy] Très beau Les chemins sont bien parallèles... juste que parfois, il y en a des entitésqui prennent trop de place et empiètent sur notre chemin. J'aime
Lamort n'est rien L a mort n'est rien, je suis seulement passé, dans la pièce à côté. J e suis moi. Vous êtes vous. Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours. D onnez-moi le nom que vous
A l'occasion du centenaire de la mort de Péguy, le père Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé nous introduit à sa thèse dans laquelle il souligne la modernité théologique du grand écrivain français et la place centrale de l'incarnation dans son œuvre. Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé Charles Péguy est mort le 5 septembre 1914, à la veille de la bataille de la Marne. Un siècle plus tard, son œuvre littéraire, philosophique et théologique intrigue, provoque, nourrit tous ceux qui prennent la peine de le lire à pleine page. Théologien de l’incarnation rédemptrice, mémorialiste de la Chrétienté, modèle du chrétien engagé, homme de prière et d’action, son parcours intellectuel et spirituel manifeste une étonnante fidélité à la grâce et à la vérité du christianisme. Si Charles Péguy a beaucoup médité sur le mystère du salut, il a toujours eu en même temps une intelligence très vive de la création et de l’œuvre de restauration que Jésus réalise. Le salut, ce n’est rien d’autre que l’expression même de la compassion de Dieu à l’égard de sa créature, marquée par la loi du péché et de la mort. Charles Péguy garde de ses années de combat dans le socialisme une volonté très ferme de lutter contre la misère humaine, parce que celle-ci dégrade l’homme. D’origine sociale très humble il est orphelin de père et sa mère et sa grand-mère rempaillaient des chaises pour survivre, dans les faubourgs d’Orléans, il s’est toujours montré solidaire des plus pauvres et des malheureux. Dans sa première Jeanne d’Arc, écrit alors qu’il avait perdu la foi et semblait très éloigné de l’Eglise, il met sur les lèvres de son héroïne cette prière impressionnante s’il faut, pour sauver de la flamme éternelle les corps des morts damnés s’affolant de souffrance, Abandonner mon corps à la flamme éternelle, Mon Dieu, donnez mon corps à la flamme éternelle ; Et s’il faut, pour sauver de l’Absence éternelle Les âmes des damnés s’affolant de l’Absence, Abandonner mon âme à l’Absence éternelle, Que mon âme s’en aille en l’Absence éternelle ». Une fois revenu à la foi, Péguy trouvera dans le mystère de la communion des saints cette grande réalité de la solidarité efficace de tous les chrétiens effectifs ou en devenir entre eux, par le moyen d’une charité active qui bénéficie à tous. Au centre de sa contemplation, nous trouvons donc le mystère du Dieu fait homme, de l’insertion du divin dans l’histoire humaine, un événement qui renverse le cours des choses qui naturellement vont vers leur vieillissement et leur disparition et qui sauve la totalité de la création L’incarnation n’est qu’un cas culminant, plus qu’éminent, suprême, un cas limite, un suprême ramassement en un point de cette perpétuelle inscription, de cette toute mystérieuse insertion de l’éternel dans le temporel, du spirituel dans le charnel qui est le gond, qui est cardinale, qui est, qui fait l’articulation même […] de toute création du monde et de l’homme ». L’incarnation élève la nature humaine bien au-dessus de sa condition première. Jésus s’insère dans la totalité de l’histoire des hommes et des civilisations. C’est ce qu’il décrit dans les deux mille huit cents quatrains de son grand poème Eve 1913. Mais cet événement concerne aussi chaque homme dans son irréductible originalité Ainsi l’enfant dormait au fond du premier somme. / Il allait commencer l’immense événement. / Il allait commencer l’immense avènement, / L’avènement de Dieu dans le cœur de tout homme /. » Pour permettre cette rencontre de tout homme avec son Sauveur, Jésus a choisi la vie la plus humble, la plus ordinaire qui soit, une vie de famille banale. Voilà la raison et la signification spirituelle des trente années de vie cachée du Christ Il est pourtant notoire, il est considérable que c’est cette vie de famille, si décriée, si honnie, et l’attention de nos chrétiens devrait bien un peu se porter là-dessus, il est considérable que ce soit cette vie de famille, si de toutes parts engagée dans le siècle, que Jésus ait choisie, qu’il ait élue entre toutes pour la vivre, qu’il ait effectivement, qu’il ait réellement, qu’il ait historiquement vécue pendant les trente premières de son existence terrestre. » Par le mystère de l’incarnation, nous sommes définitivement unis à Jésus, unis à Dieu Jésus est du même monde que le dernier des pécheurs ; et le dernier des pécheurs est du même monde que Jésus. C’est une communion. C’est même proprement cela qui est une communion. Et à parler vrai ou plutôt à parler réel il n’y a point d’autre communion que d’être du même monde. » C’est la prière et les sacrements qui nourrissent cette solidarité de chaque baptisé avec son Dieu et Seigneur Jésus-Christ. De cette prière et de ces sacrements jaillit la grâce, c’est-à-dire une nouveauté dans le cœur de l’homme qui fait de lui un être promis à la résurrection et à la vie éternelle. C’est aussi la grâce qui donne à l’homme de donner un témoignage étonnant à la face du monde de la liberté chrétienne comme affranchissement de la crainte de la mort et de la tristesse du péché. Quand on a compris cela, quand on a saisi l’irréductible originalité de la vocation chrétienne dans un monde sécularisé, quand on vit vraiment du mystère de la grâce, alors on est au cœur de l’Evangélisation et de la mission de salut de l’Eglise. Mais cette mission ne va pas sans une authentique et quotidienne fidélité. C’est le constat que Charles Péguy faisait au soir de sa vie Ce n’est peut-être pas de l’orgueil. Que de constater autour de nous. Qu’assaillis de toutes parts, éprouvés de toutes parts, nullement ébranlés nos constances modernes, nos fidélités modernes, nos créances modernes, chronologiquement modernes, isolés dans ce monde moderne, battues dans tout un monde, inlassablement assaillies, infatigablement battues, inépuisablement battues des flots et des tempêtes, toujours debout, seules dans tout un monde, debout dans toute une mer inépuisablement démontée, seules dans toute une mer, intactes, entières, jamais, nullement ébranlées, jamais, nullement, ébréchées, jamais, nullement entamées, finissent par faire, par constituer, par élever un beau monument à la face de Dieu. A la gloire de Dieu ». D’où aussi la lucidité du chrétien face à une civilisation qui s’est construite contre Dieu et qui rend ses participants de plus en plus indifférents, voire hostiles aux grandes questions du salut et de la destinée du genre humain. L’Ancien Régime, qui a donné le spectacle de bien des abus, n’a jamais été le règne de l’argent. Mais le monde moderne, la nouvelle humanité a réalisé ce prodige toutes les puissances spirituelles ont été refoulées, ainsi que toutes les autres puissances matérielles. Il ne reste que l’argent qui se dresse, désormais, seul face à Dieu Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est maître sans limitation ni mesure. Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul face à l’esprit. Et même il est seul en face des autres matières. Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul devant Dieu ». Les conséquences pour l’humanité sont évidentes on ne considère plus, dans le travail humain, que sa valeur marchande. La civilisation nouvelle en vient à n’estimer que ce qu’elle produit, et par là, elle s’adore elle-même. Le monde moderne ne croit en rien. Il faut maintenant préciser, il ne croit qu’en lui Parlant au contraire l’un des plus fermes langages qu’il y ait au monde, et l’un des plus précis, qui est précisément ce langage de la théologie, nous montrerons, nous constaterons que […] ce siècle qui se dit athée ne l’est point. Il est autothée, ce qui est un bien joli mot, et bien de son temps. Il s’est littéralement fait son propre Dieu, et sur ce point il a une croyance ferme. Il y était conduit d’ailleurs inévitablement. » Pour Péguy, il est désormais clair que l’argent est l’antéchrist, le maître partout présent du monde moderne. Cette idolâtrie est le signe ultime d’une nouvelle barbarie. La solidité de la doctrine de Péguy, sa docilité à l’égard de la grande Tradition ecclésiale, dont il est l’écho fidèle et l’interprète original, sa fidélité au donné révélé, la cohérence de sa pensée théologique font de lui un témoin insigne de la vérité évangélique qui s’adresse à tous les hommes de bonne volonté. Héritier de la grâce, il prend sa place parmi ceux qui ont reçu mission d’ouvrir les richesses de l’Eglise aux pauvres et aux petits, à ce peuple immense dont il est lui-même issu. Au service de la foi des fidèles du Christ, il manifeste par toute son œuvre la grandeur de la vocation de l’homme. Péguy travaille pour la génération qui doit venir Elle est trop vivante pour ne pas se réintégrer, au bout d’une génération, dans l’organique. C’est une race libre qui a la liberté chevillée au cœur ». C’est un peuple jeune qui a besoin de chefs jeunes, que le monde moderne est incapable de lui donner C’est aller au-devant de la défaite, c’est vouloir délibérément la défaite et la capitulation que de mettre ou de laisser aux plus hauts postes de commandement, aux plus hautes situations de gouvernement des hommes qui ont dans la moelle même le goût et l’instinct et l’habitude invétérée de la défaite et de la capitulation. » C’est au service de cette jeunesse d’espérance que Péguy met toutes les ressources de son style, de son intelligence et de sa mystique. Il n’en demeure pas moins que sa connaissance du christianisme, ou, pour mieux dire, son intelligence du fait chrétien, défie les explications enfermées dans l’horizon étriqué du rationalisme historique. Son œuvre prise en son entier, pour qui la considère avec honnêteté et patience, est une illustration impressionnante de ses propres analyses sur le génie et la grâce. Fils de la modernité, Péguy a offert au jeu de la grâce toutes les ressources de sa personnalité intellectuelle et spirituelle. Cet engagement total est la dernière réponse, la réponse définitive, à la fois implacable et magnanime, au parti intellectuel, au monde moderne. Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé Pour acheter le livre de Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé Charles Péguy et la modernité Lamort n'est rien De Charles Péguy, d'après un texte de Saint Augustin La mort n’est rien Je suis simplement passé dans la pièce à côté. Je suis moi. Tu es toi. Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné. Parle-moi comme tu l’as toujours fait. N’emploie pas de ton différent. Ne prends pas un air solennel ou Étoile du seul Nord dans votre bâtiment. Ce qui partout ailleurs est de dispersion N’est ici que l’effet d’un beau rassemblement. Ce qui partout ailleurs est un démembrement N’est ici que cortège et que procession. Ce qui partout ailleurs demande un examen N’est ici que l’effet d’une pauvre jeunesse. Ce qui partout ailleurs demande un lendemain N’est ici que l’effet de soudaine faiblesse. Ce qui partout ailleurs demande un parchemin N’est ici que l’effet d’une pauvre tendresse. Ce qui partout ailleurs demande un tour de main N’est ici que l’effet d’une humble maladresse. Ce qui partout ailleurs est un détraquement N’est ici que justesse et que déclinaison. Ce qui partout ailleurs est un baraquement N’est ici qu’une épaisse et durable maison. Ce qui partout ailleurs est la guerre et la paix N’est ici que défaite et que reddition. Ce qui partout ailleurs est de sédition N’est ici qu’un beau peuple et dès épis épais. Ce qui partout ailleurs est une immense armée Avec ses trains de vivre et ses encombrements, Et ses trains de bagage et ses retardements, N’est ici que décence et bonne renommée. Ce qui partout ailleurs est un effondrement N’est ici qu’une lente et courbe inclinaison. Ce qui partout ailleurs est de comparaison Est ici sans pareil et sans redoublement. Ce qui partout ailleurs est un accablement N’est ici que l’effet de pauvre obéissance. Ce qui partout ailleurs est un grand parlement N’est ici que l’effet de la seule audience. Ce qui partout ailleurs est un encadrement N’est ici qu’un candide et calme reposoir. Ce qui partout ailleurs est un ajournement N’est ici que l’oubli du matin et du soir. Les matins sont partis vers les temps révolus, Et les soirs partiront vers le soir éternel, Et les jours entreront dans un jour solennel, Et les fils deviendront des hommes résolus. Les âges rentreront dans un âge absolu, Les fils retourneront vers le seuil paternel Et raviront de force et l’amour fraternel Et l’antique héritage et le bien dévolu. Voici le lieu du monde où tout devient enfant, Et surtout ce vieil homme avec sa barbe grise, Et ses cheveux mêlés au souffle de la brise, Et son regard modeste et jadis triomphant. Voici le lieu du monde où tout devient novice, Et cette vieille tête et ses lanternements, Et ces deux bras raidis dans les gouvernements, Le seul coin de la terre où tout devient complice, Et même ce grand sot qui faisait le malin, C’est votre serviteur, ô première servante, Et qui tournait en rond dans une orbe savante, Et qui portait de l’eau dans le bief du moulin. Ce qui partout ailleurs est un arrachement N’est ici que la fleur de la jeune saison. Ce qui partout ailleurs est un retranchement N’est ici qu’un soleil au ras de l’horizon. Ce qui partout ailleurs est un dur labourage N’est ici que récolte et dessaisissement. Ce qui partout ailleurs est le déclin d’un âge N’est ici qu’un candide et cher vieillissement. Ce qui partout ailleurs est une résistance N’est ici que de suite et d’accompagnement ; Ce qui partout ailleurs est un prosternement N’est ici qu’une douce et longue obéissance. Ce qui partout ailleurs est règle de contrainte N’est ici que déclenche et qu’abandonnement ; Ce qui partout ailleurs est une dure astreinte N’est ici que faiblesse et que soulèvement. Ce qui partout ailleurs est règle de conduite N’est ici que bonheur et que renforcement ; Ce qui partout ailleurs est épargne produite N’est ici qu’un honneur et qu’un grave serment. Ce qui partout ailleurs est une courbature N’est ici que la fleur de la jeune oraison ; Ce qui partout ailleurs est la lourde armature N’est ici que la laine et la blanche toison. Ce qui partout ailleurs serait un tour de force N’est ici que simplesse et que délassement ; Ce qui partout ailleurs est la rugueuse écorce N’est ici que la sève et les pleurs du sarment Ce qui partout ailleurs est une longue usure N’est ici que renfort et que recroissement ; Ce qui partout ailleurs est bouleversement N’est ici que le jour de la bonne aventure. Ce qui partout ailleurs se tient sur la réserve N’est ici qu’abondance et que dépassement ; Ce qui partout ailleurs se gagne et se conserve N’est ici que dépense et que désistement. Ce qui partout ailleurs se tient sur la défense N’est ici que liesse et démantèlement ; Et l’oubli de l’injure et l’oubli de l’offense N’est ici que paresse et que bannissement. Ce qui partout ailleurs est une liaison N’est ici qu’un fidèle et noble attachement ; Ce qui partout ailleurs est un encerclement N’est ici qu’un passant dedans votre maison. Ce qui partout ailleurs est une obédience N’est ici qu’une gerbe au temps de fauchaison ; Ce qui partout ailleurs se fait par surveillance N’est ici qu’un beau foin au temps de fenaison. Ce qui partout ailleurs est une forcerie N’est ici que la plante à même le jardin ; Ce qui partout ailleurs est une gagerie N’est ici que le seuil à même le gradin. Ce qui partout ailleurs est une rétorsion N’est ici que détente et que désarmement ; Ce qui partout ailleurs est une contraction N’est ici qu’un muet et calme engagement. Ce qui partout ailleurs est un bien périssable N’est ici qu’un tranquille et bref dégagement ; Ce qui partout ailleurs est un rengorgement N’est ici qu’une rose et des pas sur le sable. Ce qui partout ailleurs est un efforcement N’est ici que la fleur de la jeune raison ; Ce qui partout ailleurs est un redressement N’est ici que la pente et le pli du gazon. Ce qui partout ailleurs est une écorcherie N’est ici qu’un modeste et beau dévêtement ; Ce qui partout ailleurs est une affouillerie N’est ici qu’un durable et sûr dépouillement. Ce qui partout ailleurs est un raidissement N’est ici qu’une souple et candide fontaine ; Ce qui partout ailleurs est une illustre peine N’est ici qu’un profond et pur jaillissement. Ce qui partout ailleurs se querelle et se prend N’est ici qu’un beau fleuve aux confins de sa source, Ô reine et c’est ici que toute âme se rend Comme un jeune guerrier retombé dans sa course. Ce qui partout ailleurs est la route gravie, Ô reine qui régnez dans votre illustre cour, Étoile du matin, reine du dernier jour, Ce qui partout ailleurs est la table servie, Ce qui partout ailleurs est la route suivie N’est ici qu’un paisible et fort détachement, Et dans un calme temple et loin d’un plat tourment L’attente d’une mort plus vivante que vie. II. Prière de demande Nous ne demandons pas que le grain sous la meule Soit jamais replacé dans le cœur de l’épi, Nous ne demandons pas que l’âme errante et seule Soit jamais reposée en un jardin fleuri. Nous ne demandons pas que la grappe écrasée Soit jamais replacée au fronton de la treille, Et que le lourd frelon et que la jeune abeille Y reviennent jamais se gorger de rosée. Nous ne demandons pas que la rose vermeille Soit jamais replacée aux cerceaux du rosier, Et que le paneton et la lourde corbeille Retourne vers le fleuve et redevienne osier. Nous ne demandons pas que cette page écrite Soit jamais effacée au livre de mémoire, Et que le lourd soupçon et que la jeune histoire Vienne remémorer cette peine prescrite. Nous ne demandons pas que la tige ployée Soit jamais redressée au livre de nature, Et que le lourd bourgeon et la jeune nervure Perce jamais l’écorce et soit redéployée. Nous ne demandons pas que le rameau broyé Reverdisse jamais au livre de la grâce, Et que le lourd surgeon et que la jeune race Rejaillisse jamais de l’arbre foudroyé. Nous ne demandons pas que la branche effeuillée Se tourne jamais plus vers un jeune printemps, Et que la lourde sève et que le jeune temps Sauve une cime au moins dans la forêt noyée. Nous ne demandons pas que le pli de la nappe Soit effacé devant que revienne le maître, Et que votre servante et qu’un malheureux être Soient libérés jamais de cette lourde chape. Nous ne demandons pas que cette auguste table Soit jamais resservie, à moins que pour un Dieu, Mais nous n’espérons pas que le grand connétable Chauffe deux fois ses mains vers un si maigre feu. Nous ne demandons pas qu’une âme fourvoyée Soit jamais replacée au chemin du bonheur. Ô reine il nous suffit d’avoir gardé l’honneur Et nous ne voulons pas qu’une aide apitoyée Nous remette jamais au chemin de plaisance, Et nous ne voulons pas qu’une amour soudoyée Nous remette jamais au chemin d’allégeance, Ô seul gouvernement d’une âme guerroyée, Régente de la mer et de l’illustre port Nous ne demandons rien dans ces amendements Reine que de garder sous vos commandements Une fidélité plus forte que la mort. III. Prière de confidence Nous ne demandons pas que cette belle nappe Soit jamais repliée aux rayons de l’armoire, Nous ne demandons pas qu’un pli de la mémoire Soit jamais effacé de cette lourde chape. Maîtresse de la voie et du raccordement, Ô miroir de justice et de justesse d’âme, Vous seule vous savez, ô grande notre Dame, Ce que c’est que la halte et le recueillement. Maîtresse de la race et du recroisement, Ô temple de sagesse et de jurisprudence, Vous seule connaissez, ô sévère prudence, Ce que c’est que le juge et le balancement. Quand il fallut s’asseoir à la croix des deux routes Et choisir le regret d’avecque le remords, Quand il fallut s’asseoir au coin des doubles sorts Et fixer le regard sur la clef des deux voûtes, Vous seule vous savez, maîtresse du secret, Que l’un des deux chemins allait en contre-bas, Vous connaissez celui que choisirent nos pas, Comme on choisit un cèdre et le bois d’un coffret. Et non point par vertu car nous n’en avons guère, Et non point par devoir car nous ne l’aimons pas, Mais comme un charpentier s’arme de son compas, Par besoin de nous mettre au centre de misère, Et pour bien nous placer dans l’axe de détresse, Et par ce besoin sourd d’être plus malheureux, Et d’aller au plus dur et de souffrir plus creux, Et de prendre le mal dans sa pleine justesse. Par ce vieux tour de main, par cette même adresse, Qui ne servira plus à courir le bonheur, Puissions-nous, ô régente, au moins tenir l’honneur, Et lui garder lui seul notre pauvre tendresse. IV. Prière de report Nous avons gouverné de si vastes royaumes, Ô régente des rois et des gouvernements, Nous avons tant couché dans la paille et les chaumes, Régente des grands gueux et des soulèvements. Nous n’avons plus de goût pour les grands majordomes, Régente du pouvoir et des renversements, Nous n’avons plus de goût pour les chambardements, Régente des frontons, des palais et des dômes. Nous avons combattu de si ferventes guerres Par-devant le Seigneur et le Dieu des armées, Nous avons parcouru de si mouvantes terres, Nous nous sommes acquis si hautes renommées. Nous n’avons plus de goût pour le métier des armes, Reine des grandes paix et des désarmements, Nous n’avons plus de goût pour le métier des larmes, Reine des sept douleurs et des sept sacrements. Nous avons gouverné de si vastes provinces, Régente des préfets et des procurateurs, Nous avons lanterné sous tant d’augustes princes, Reine des tableaux peints et des deux donateurs. Nous n’avons plus de goût pour les départements, Ni pour la préfecture et pour la capitale, Nous n’avons plus de goût pour les embarquements, Nous ne respirons plus vers la terre natale, Nous avons encouru de si hautes fortunes, Ô clef du seul honneur qui ne périra point, Nous avons dépouillé de si basses rancunes, Reine du témoignage et du double témoin. Nous n’avons plus de goût pour les forfanteries, Maîtresse de sagesse et de silence et d’ombre, Nous n’avons plus de goût pour les argenteries, Ô clef du seul trésor et d’un bonheur sans nombre. Nous en avons tant vu, dame de pauvreté, Nous n’avons plus de goût pour de nouveaux regards, Nous en avons tant fait, temple de pureté, Nous n’avons plus de goût pour de nouveaux hasards. Nous avons tant péché, refuge du pécheur, Nous n’avons plus de goût pour les atermoiements, Nous avons tant cherché, miracle de candeur, Nous n’avons plus de goût pour les enseignements. Nous avons tant appris dans les maisons d’école, Nous ne savons plus rien que vos commandements. Nous avons tant failli par l’acte et la parole, Nous ne savons plus rien que nos amendements. Nous sommes ces soldats qui grognaient par le monde, Mais qui marchaient toujours et n’ont jamais plié, Nous sommes cette Église et ce faisceau lié, Nous sommes cette race internelle et profonde. Nous ne demandons plus de ces biens périssables, Nous ne demandons plus vos grâces de bonheur, Nous ne demandons plus que vos grâces d’honneur, Nous ne bâtirons plus nos maisons sur ces sables. Nous ne savons plus rien de ce qu’on nous a lu, Nous ne savons plus rien de ce qu’on nous a dit. Nous ne connaissons plus qu’un éternel édit, Nous ne savons plus rien que votre ordre absolu. Nous en avons trop pris, nous sommes résolus. Nous ne voulons plus rien que par obéissance, Et rester sous les coups d’une auguste puissance, Miroir des temps futurs et des temps révolus. S’il est permis pourtant que celui qui n’a rien Puisse un jour disposer, et léguer quelque chose, S’il n’est pas défendu, mystérieuse rose, Que celui qui n’a pas reporte un jour son bien ; S’il est permis au gueux de faire un testament, Et de léguer l’asile et la paille et le chaume, S’il est permis au roi de léguer le royaume, Et si le grand dauphin prête un nouveau serment ; S’il est admis pourtant que celui qui doit tout Se fasse ouvrir un compte et porter un crédit, Si le virement tourne et n’est pas interdit, Nous ne demandons rien, nous irons jusqu’au bout. Si donc il est admis qu’un humble débiteur Puisse élever la voix pour ce qui n’est pas dû, S’il peut toucher un prix quand il n’a pas vendu, Et faire balancer par solde créditeur ; Nous qui n’avons connu que vos grâces de guerre Et vos grâces de deuil et vos grâces de peine, Et vos grâces de joie, et cette lourde plaine, Et le cheminement des grâces de misère ; Et la procession des grâces de détresse, Et les champs labourés et les sentiers battus, Et les cœurs lacérés et les reins courbatus, Nous ne demandons rien, vigilante maîtresse. Nous qui n’avons connu que votre adversité, Mais qu’elle soit bénie, ô temple de sagesse, Ô veuillez reporter, merveille de largesse, Vos grâces de bonheur et de prospérité. Veuillez les reposer sur quatre jeunes têtes, Vos grâces de douceur et de consentement, Et tresser pour ces fronts, reine du pur froment, Quelques épis cueillis dans la moisson des fêtes. V. Prière de déférence Tant d’amis détournés de ce cœur solitaire N’ont point lassé l’amour ni la fidélité ; Tant de dérobement et de mobilité N’ont point découragé ce cœur involontaire. Tant de coups de fortune et de coups de misère N’ont point sonné le jour de la fragilité ; Tant de malendurance et de brutalité N’ont point laïcisé ce cœur sacramentaire. Tant de fausse créance et tant de faux mystère N’ont point lassé la foi ni la docilité ; Tant de renoncements n’ont point débilité Le sang du rouge cœur et le sang de l’artère. Pourtant s’il faut ce jour dresser un inventaire Que la mort devait seule et conclure et sceller ; S’il faut redécouvrir ce qu’il fallait celer ; Et s’il faut devenir son propre secrétaire ; S’il faut s’instituer et son propre notaire Et son propre greffier et son double témoin, Et mettre le paraphe après le dernier point, Et frapper sur le sceau le chiffre signataire ; S’il faut fermer la clause et lier le contrat, Et découper l’article avec le paragraphe, Et creuser dans la pierre et graver l’épigraphe, S’il faut s’instituer recteur et magistrat ; S’il faut articuler ce nouveau répertoire Sans nulle exception et sans atermoiement, Et sans transcription et sans transbordement, Et sans transgression et sans échappatoire ; S’il faut sur ces débris dresser un nouveau code, Et sur ces châtiments dresser un nouveau roi, Et planter l’appareil d’une dernière loi, Sans nul événement et sans nul épisode Nul ne passera plus le seuil de ce désert Qui ne vous soit féal et ne vous soit fidèle, Et nul ne passera dans cette citadelle Qui n’ait donné le mot qu’on donne à mot couvert. Nul ne visitera ce temple de mémoire, Ce temple de mémoire et ce temple d’oubli, Et cette gratitude et ce destin rempli, Et ces regrets pliés aux rayons de l’armoire. Nul ne visitera ce cœur enseveli Qui ne se soit rangé dessous votre conduite Et ne se soit perdu dans votre auguste suite Comme une voix se perd dans un chœur accompli. Et nulle n’entrera dans cette solitude Qui ne vous soit sujette et ne vous soit servante Et ne vous soit seconde et ne vous soit suivante, Et nulle n’entrera dans cette servitude, Et nul ne franchira le seuil de ce palais, Et la porte centrale et le parvis de marbre, Et la vasque et la source et le pourpris et l’arbre, Qui ne soit votre esclave et l’un de vos valets. Et nul ne passera dans cette plénitude Qui ne soit votre fils et votre serviteur, Comme il est votre serf et votre débiteur, Et nul ne passera dans cette quiétude, Pour l’amour le plus pur et le plus salutaire Et le retranchement et le même regret, Et nul ne passera le seuil de ce secret Pour l’amour le plus dur et le plus statutaire, Et l’amour le plus mûr et le plus plein de peine, Et le plus plein de deuil et le plus plein de larmes, Et le plus plein de guerre et le plus plein d’alarmes, Et le plus plein de mort au seuil de cette plaine. Et pour le plus gonflé du plus ancien sanglot, Et pour le plus vidé de la vieille amertume, Et pour le plus lavé de la plus basse écume, Et pour le plus gorgé du plus antique flot. Et pour le plus pareil à cette lourde grappe, Et pour le plus astreint aux treilles de ce mur, Et pour le plus contraint comme pour le plus sûr, Et pour le plus pareil à ce pli de la nappe. Et nul ne passera dans cette certitude, Pour l’amer souvenir et le regret plus doux, Et le morne avenir et l’éternel remous Des vagues de silence et de sollicitude. Et nul ne franchira le seuil de cette tombe, Pour un culte éternel encor que périssable, Et le profond remous de ces vagues de sable Où le pied du silence à chaque pas retombe, Qui ne soit incliné vers vos sacrés genoux Et ne soit sous vos pieds comme un chemin de feuille, Et ne consente et laisse et ne prétende et veuille, De l’épaisseur d’un monde être aimé moins que vous. 1913
HenryScott Holland (né le 27 janvier 1847 et mort le 17 mars 1918) est un théologien et écrivain britannique, Regius Professor of Divinity à l'Université d'Oxford.Il est également chanoine de
"Jésus est mon Tout en Tout"Neuvaine à a bienheureuse Teresa de CalcuttaA prier chaque jour de la neuvaineBienheureuse Teresa de Calcutta,tu as permis à l'amour assoiffé de Jésus sur la croixde devenir une flamme vivante en toi,et ainsi tu es devenue la lumièrede Son amour pour du Cœur de Jésus...Mentionner ici l'intention pour laquelle on prieApprends-moi à permettre à Jésus de pénétrer et de possédertout mon être si complètement,que ma vie aussi puisse rayonner Sa lumière et Son amour sur les immaculé de Marie, Cause de notre joie,prie pour Teresa de Calcutta, prie pour moi.
cest la 35ème fois que je regarde ce film. je connais quasiment toutes les répliques par cœur. et cette fois Par Anonyme, le 04.07.2021 est-ce possible d'avoir une copie de la roue de médecine de meilleur résolution pour que l'on puisse lire le t Par Gérald Ostiguy, le 27.03.2020 ho oui Par Anonyme, le 24.09.2019 bravo a kevin richardson
La mort n’est rien, je suis seulement passée, dans la pièce à côté. Je suis moi. Vous êtes vous. Ce que j’étais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné, parlez-moi comme vous l’avez toujours fait. N’employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Priez, souriez, pensez à moi, Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre. La vie signifie tout ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin. * Poème lu non sans émotion par ma nièce Cosette », avant ou après, je ne sais plus, le petit texte de Pulchérie qui viendra très bientôt.

Extrait: « Le texte intitulé « La mort n’est rien » est souvent lu lors d’obsèques. C’était ainsi le cas lors des funérailles de la comédienne Annie Girardot, le 4 mars. La plupart des gens pensent que ce texte a été écrit par Charles Péguy, ce qui n’est en fait pas le cas » . Charles Péguy n’aurait donc pas écrit « La mort n’est rien ; je suis seulement passé

Texte de Charles PEGUY La mort n’est suis seulement passé de l’autre suis moi, vous êtes que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes le nom que vous m’avez toujours donné, parlez-moi comme vous l’avez toujours pas un ton solennel ou à rire de ce qui nous faisait rire souriez, pensez à moi, priez pour mon nom soit prononcé comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ vie signifie ce qu’elle a toujours signifié, elle est ce qu’elle a toujours fil n’est pas serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je vous attends, je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin. Vous voyez, tout est bien. » Charles Péguy
AttribuĂ©eĂ  tort Ă  Charles PĂ©guy, d’après un texte de Saint Augustin, voici la version originale de ce texte enterrement inspirant. Voici la version originale en anglais La mort n’est rien. Je suis Le poète et essayiste, mort il y a plus de cent ans, ne fut pas seulement un brillant styliste. Il fut aussi et surtout un socialiste intransigeant, un critique farouche du progrès et du scientisme. Conspuant un monde perverti par l’argent et des hommes qui se prennent pour Dieu, sa pensĂ©e mystique rĂ©sonne avec notre Ă©poque, Ă  l’heure oĂą les technoprophètes entendent imposer leur approche algorithmique de la vie, et refonder ni plus ni moins la nature humaine. Je ne sais pas si vous avez remarquĂ© mais, en France, tout le monde est pĂ©guyste ! » Impossible de contredire Matthieu Giroux, rĂ©dacteur en chef de la revue littĂ©raire Philitt l’écrivain a ceci de particulier qu’il suscite l’admiration de personnalitĂ©s issues d’horizons et de traditions politiques divers, voire franchement antagonistes. Et ce ne sont pas de faux pĂ©guystes, ajoute le journaliste, auteur du livre Charles PĂ©guy, un enfant contre le monde moderne Éditions Première Partie, 2018. Vous avez Alain Finkielkraut, le pĂ©guyste barressien, de droite. Il y a Edwy Plenel, le pĂ©guyste socialiste, de gauche. En politique, il y a François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan… Tous diront qu’ils aiment PĂ©guy pour sa libertĂ©. PĂ©guy, c’est le socialiste contre le Parti socialiste. C’est le catholique contre l’institution catholique. C’est le rĂ©publicain mystique contre les fossoyeurs de la RĂ©publique. Il est toujours le garant d’une certaine puretĂ©, d’une intransigeance. » RĂ©habilitation tardive Longtemps, Charles PĂ©guy a souffert d’une mauvaise rĂ©putation, rĂ©cupĂ©rĂ© notamment par le rĂ©gime de Vichy et les nationalistes catholiques. Pour eux, PĂ©guy n’était que ce paysan chrĂ©tien mort Ă  la guerre en patriote. Cet homme qui louait les vertus de l’enracinement et avait forgĂ© une pensĂ©e du sol et de l’attachement. Cet intellectuel mystique qui parlait de race française ». Mais depuis plusieurs annĂ©es, et plus prĂ©cisĂ©ment depuis le centième anniversaire de sa mort au champ d’honneur le 5 septembre 1914 Ă  Villeroy, en Seine-et-Marne, quelque chose semble avoir changĂ©. Et revoilĂ  PĂ©guy, plus contemporain et respectable que jamais, prĂŞt Ă  nous aider Ă  comprendre les mystères de notre temps Il est urgent et nĂ©cessaire de le lire pour l’actualitĂ© brĂ»lante de sa pensĂ©e et les antidotes qu’il fournit aux poisons qui rongent notre sociĂ©tĂ© », lance avec emphase le philosophe Damien Le Guay, qui a publiĂ© en 2014 Les HĂ©ritiers PĂ©guy Bayard. Le monde relève de PĂ©guy, et de plus en plus », a pu commenter de son cĂ´tĂ© le journaliste et historien Jacques Julliard, classĂ© Ă  gauche. Portrait de Charles PĂ©guy par Eugène Pirou / Internet ArchivePourquoi relire PĂ©guy aujourd’hui ? Pourquoi en parler ici, dans les pages d’Usbek & Rica ? Pourquoi l’auteur de Notre Patrie 1905, Notre jeunesse 1910 et L’Argent 1913 est-il vĂ©nĂ©rĂ© par ses fans comme un groupe culte dont l’œuvre aurait eu une influence dĂ©cisive mais trop souvent ignorĂ©e ? Pour rĂ©pondre Ă  ces questions, il convient d’opĂ©rer un retour sur la vie courte mais dense de cet auteur prolifique dont la conviction totale imposait le respect », selon les mots d’AndrĂ© Gide. Les vertus de la pauvretĂ© Charles PĂ©guy naĂ®t en 1873 Ă  OrlĂ©ans. Sa mère est rempailleuse de chaises, son père menuisier. Ce dernier meurt alors qu’il n’a que quelques mois. En dĂ©pit de ce dĂ©cès prĂ©coce, PĂ©guy vit une enfance heureuse, dont il garde un souvenir magnifiĂ©. Il vantera les mĂ©rites de cette vie simple, digne, les vertus de la pauvretĂ© dans un monde encore Ă©pargnĂ© par le capitalisme, la spĂ©culation et le pouvoir de l’argent. On ne gagnait rien ; on ne dĂ©pensait rien ; et tout le monde vivait. Il n’y avait pas cet Ă©tranglement Ă©conomique d’aujourd’hui, cette strangulation scientifique, froide, rectangulaire, rĂ©gulière, propre, nette, sans bavure, implacable, sage, commune, constante, commode comme une vertu, oĂą il n’y a rien Ă  dire, et oĂą celui qui est Ă©tranglĂ© a si Ă©videmment tort », Ă©crit-il en 1913 dans L’Argent. Dans ce mĂŞme texte comme dans le reste de son Ĺ“uvre, PĂ©guy cĂ©lèbre l’artisanat et le travail manuel. J’ai vu toute mon enfance rempailler des chaises exactement du mĂŞme esprit et du mĂŞme cĹ“ur, et de la mĂŞme main, que ce mĂŞme peuple avait taillĂ© ses cathĂ©drales », affirme-t-il. PĂ©guy est un Ă©lève brillant, quoiqu’un peu insolent. Il attire en tout cas l’attention du directeur de l’École normale d’instituteurs d’OrlĂ©ans, ThĂ©ophile Naudy, qui le prend sous son aile. Reçu premier au certificat d’études en 1884, bachelier ès lettres en 1891, il parvient Ă  intĂ©grer l’École normale supĂ©rieure de la rue d’Ulm en 1894. C’est une consĂ©cration et un moment charnière. Le jeune provincial dĂ©couvre la capitale et sort de l’enfance. La citĂ© socialiste harmonieuse L’ENS est alors un creuset bouillonnant, un espace de libertĂ© et de dĂ©bats intenses. Charles PĂ©guy y suit les cours de Romain Rolland et d’Henri Bergson. Il se lie d’amitiĂ© avec le bibliothĂ©caire de l’école, Lucien Herr, agrĂ©gĂ© de philosophie et socialiste de la première heure. Lucien Herr est un puits de science. Il passe pour avoir tout lu, dans toutes les langues. Il sera – soit dit en passant – l’un des fondateurs de la Ligue des droits de l’homme et du quotidien L’HumanitĂ©. Surtout, il initie et convertit plusieurs gĂ©nĂ©rations d’étudiants au socialisme. Comme Jean Jaurès et LĂ©on Blum avant lui, Charles PĂ©guy est sĂ©duit et entame ce qu’il nomme sa première conversion ». Ă€ la bibliothèque de l’ENS, il rencontre justement Jaurès, de quatorze ans son aĂ®nĂ©, et commence Ă  le frĂ©quenter assidĂ»ment. Il publie ses premiers articles dans La Revue socialiste et signe en 1897 Jeanne d’Arc, un premier texte plus littĂ©raire, dĂ©crit comme un mystère lyrique ». Le premier devoir social, c’est d’arracher le misĂ©rable Ă  sa misère. Il en faisait un impĂ©ratif catĂ©gorique. » Le socialisme de PĂ©guy est utopique et libertaire. Le jeune homme rĂŞve d’une sociĂ©tĂ© fraternelle, d’un idĂ©al d’amour et d’égalitĂ© entre les hommes. Il incarne un socialisme Ă  la française, que l’on peut retrouver chez Proudhon ou Leroux. Un socialisme qui ne va pas ĂŞtre contaminĂ© par le marxisme », a pu expliquer Camille Riquier, maĂ®tre de confĂ©rences en philosophie et auteur de Philosophie de PĂ©guy, ou les MĂ©moires d’un imbĂ©cile PUF, 2017. Un socialisme primitif », complète Matthieu Giroux. Deux textes attestent Ă  l’époque de cette vision De la citĂ© socialiste 1897 et Marcel, premier dialogue de la citĂ© harmonieuse 1898. PĂ©guy y Ă©nonce les principes qui doivent rĂ©gir sa citĂ© socialiste idĂ©ale. En premier lieu, l’idĂ©e d’une citĂ© inclusive ne laissant personne sur le bord de la route et permettant Ă  tous de vivre dĂ©cemment. Le premier devoir social, c’est d’arracher le misĂ©rable Ă  sa misère. Il en faisait un impĂ©ratif catĂ©gorique », pointe Camille Riquier. Nul n’est exclu dans la citĂ© socialiste selon PĂ©guy La citĂ© harmonieuse a pour citoyens tous les vivants qui sont des âmes, tous les vivants animĂ©s, parce qu’il n’est pas harmonieux, parce qu’il ne convient pas qu’il y ait des âmes qui soient des Ă©trangères, parce qu’il ne convient pas qu’il y ait des vivants animĂ©s qui soient des Ă©trangers », Ă©crit-il. Le jeune auteur parle de vivants animĂ©s » et considère que les animaux – bien que dĂ©crits ailleurs comme des âmes adolescentes » – sont des citoyens Ă  part entière de sa citĂ©, devançant de plusieurs dĂ©cennies les rĂ©flexions animalistes qui s’imposent aujourd’hui dans le dĂ©bat. Tous les animaux sont devenus citoyens de la citĂ© harmonieuse », prĂ©cise l’écrivain. © Valentin Tkach pour Usbek & RicaPĂ©guy peut ĂŞtre perçu comme l’un des prĂ©curseurs de la pensĂ©e Ă©cologiste. Il manifeste une attention particulière Ă  une forme d’harmonie et d’osmose avec la nature. Cette prĂ©occupation rejoint sa vision du travail il s’agit d’assurer la vie corporelle de la citĂ© » par les produits naturels cueillis et par les produits des travaux non malsains ». Non malsains, c’est-Ă -dire qui ne dĂ©forment ni les âmes, ni les corps des travailleurs. Les biens superflus et le luxe, eux, n’ont pas leur place dans le monde imaginĂ© par PĂ©guy. Il s’agit dĂ©jĂ , mĂŞme si le terme n’est pas employĂ© par l’écrivain, de penser et bâtir une citĂ© frugale. La concurrence est mauvaise en son principe il est mauvais que les hommes travaillent les uns contre les autres » La compĂ©tition dans le travail, elle, est rejetĂ©e car source de tous les maux. La concurrence est mauvaise en son principe il est mauvais que les hommes travaillent les uns contre les autres ; les hommes doivent travailler les uns avec les autres ; ils doivent travailler Ă  faire de leur mieux leur travail, et non pas Ă  se servir de leur travail pour vaincre d’autres travailleurs, Ă©crit Charles PĂ©guy dans De la citĂ© socialiste. La concurrence est souvent faussĂ©e par la rĂ©clame, qui tend Ă  donner l’avantage au travail plus connu sur le travail mieux fait …. Enfin la concurrence internationale est cause de la guerre, de la paix armĂ©e, des maux qui suivent, comme la concurrence interindividuelle est cause des procès, de vĂ©ritables guerres privĂ©es, de la plupart des haines publiques et privĂ©es, des maux qui suivent. » Surtout, pour PĂ©guy, le travail n’est pas une fin en soi mais un moyen permettant, une fois la vie corporelle des citoyens assurĂ©e, de s’adonner Ă  d’autres activitĂ©s plus Ă©panouissantes, comme l’art ou la philosophie. Dans la citĂ© de PĂ©guy, il n’y a plus ni propriĂ©tĂ© ni hĂ©ritage. La gratuitĂ© est au principe de tout. L’intransigeance et la solitude Le socialisme de PĂ©guy, c’est une manière de recommencer la RĂ©volution française. La rĂ©volution devait se refaire chaque jour. La rĂ©volution socialiste devait ĂŞtre l’aboutissement de la RĂ©volution française bourgeoise, qui avait Ă©tĂ© ratĂ©e parce que imprĂ©parĂ©e », explique Camille Riquier dans une interview accordĂ©e Ă  France Culture. L’affaire Dreyfus, qui secoue la sociĂ©tĂ© française Ă  la fin XIXe siècle, est une nouvelle occasion pour PĂ©guy d’affirmer et d’approfondir son engagement. Pour lui, cette affaire, comme le socialisme, est une question morale, d’humanitĂ©. Alors qu’il Ă©choue Ă  l’agrĂ©gation de philosophie, PĂ©guy est un des premiers Ă  se jeter dans la bataille. Il dĂ©cide de quitter l’École normale supĂ©rieure et, avec Lucien Herr et LĂ©on Blum, fonde dans le Quartier latin la Librairie Bellais, quartier gĂ©nĂ©ral des dreyfusistes. La une du Petit Journal du 23 dĂ©cembre 1894. Illustration d’Henri Meyer. / Bibliothèque nationale de FranceIci se lit une des dimensions essentielles de la personnalitĂ© de PĂ©guy son rejet des institutions, son engagement corps et âme dans les combats de son temps, son aspiration Ă  un socialisme pur. Cela se traduit dans son mode de vie. Il fallait vivre comme un socialiste. Vivre en misĂ©rable parmi les misĂ©rables. Je ne vois pas de meilleur exemple d’homme authentique, d’authentique socialiste », souligne Camille Riquier. Peu Ă  peu, il reproche Ă  ses amis – Jaurès notamment – de transformer l’affaire Dreyfus en une affaire politique, lĂ  oĂą lui y voit un combat mystique. Sa cĂ©lèbre sentence – Tout commence en mystique et tout finit en politique » – affleure dĂ©jĂ . Il la couche sur le papier en 1910, dans son livre Notre jeunesse, oĂą il revient largement sur le combat dreyfusiste. La mystique, pour PĂ©guy, c’est la fidĂ©litĂ© aux premiers temps des engagements, explique Matthieu Giroux. Dans le socialisme, ça signifie ĂŞtre fidèle Ă  Fourier, Ă  Saint-Simon, au socialisme primitif. ĂŠtre mystique dans l’affaire Dreyfus, c’est rester fidèle Ă  Bernard Lazare, que l’on a trahi et laissĂ© pour mort dans un coin mais qui Ă©tait le premier Ă  dĂ©fendre Dreyfus. Dans le catholicisme, c’est ĂŞtre fidèle Ă  l’enseignement du Christ plutĂ´t qu’à l’Église de Rome. » Ă€ l’opposĂ© de cette logique, il y a la politique entendue comme le jeu des partis, des compromis et des compromissions, ce qu’on appellera bien plus tard, de façon pĂ©jorative, la politique politicienne ». La mystique rĂ©publicaine, c’était quand on mourait pour la RĂ©publique, la politique rĂ©publicaine, c’est Ă  prĂ©sent qu’on en vit », Ă©crit ainsi PĂ©guy dans Notre jeunesse. Dire la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ©, rien que la vĂ©ritĂ©, dire bĂŞtement la vĂ©ritĂ© bĂŞte, ennuyeusement la vĂ©ritĂ© ennuyeuse, tristement la vĂ©ritĂ© triste » La Librairie Bellais ne fait pas long feu. Elle est rapidement au bord de la faillite. PĂ©guy s’éloigne de ses amis Lucien Herr et LĂ©on Blum. En rĂ©action Ă  une motion votĂ©e par le Congrès socialiste, qui recommande aux diverses fractions socialistes de ne pas publier de choses susceptibles de nuire aux combats menĂ©s pour rĂ©aliser l’unitĂ© de parti, notamment par Jean Jaurès, il fonde les Cahiers de la Quinzaine, qui deviendra l’œuvre de sa vie, son sacerdoce. Avec les Cahiers, il s’agit de dire la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ©, rien que la vĂ©ritĂ©, dire bĂŞtement la vĂ©ritĂ© bĂŞte, ennuyeusement la vĂ©ritĂ© ennuyeuse, tristement la vĂ©ritĂ© triste ». C’est un prolongement de son engagement dreyfusiste, ce combat pour la » vĂ©ritĂ© et contre la vĂ©ritĂ© d’État.   Avec cette publication, qui restera relativement confidentielle puisqu’elle ne comptera jamais plus de 1 500 abonnĂ©s, PĂ©guy ouvre de nombreux fronts. Il combat le nationalisme anti-dreyfusiste, l’antimilitarisme des universitaires, le combisme anticlĂ©rical du nom d’Émile Combes, prĂ©sident du Conseil des ministres de 1902 Ă  1905 reconnu pour son combat contre l’Église, qui a notamment instaurĂ© l’interdiction d’enseignement par les congrĂ©gations religieuses, ndlr, les exactions coloniales, les persĂ©cutions raciales et l’oppression des minoritĂ©s nationales dans l’Europe des empires. Je suis un journaliste de quinzomadaire et je travaille sur les misères du prĂ©sent », Ă©crit-il. PĂ©guy, des dĂ©cennies avant Sartre, est sans doute une des premières grandes figures de l’intellectuel engagĂ©. Chez lui, il y a du spirituel dans l’engagement, souligne Edwy Plenel, cofondateur et rĂ©dacteur en chef du site Mediapart, l’idĂ©e qu’en s’engageant on peut s’élever au-dessus de soi-mĂŞme. » Il y a chez PĂ©guy une tension entre l’individu et la citĂ©, une tension qui se concentre bien dans l’idĂ©e de mystique » PĂ©guy rencontre de nombreuses personnalitĂ©s de son temps et contribue, avec ses Cahiers de la Quinzaine, Ă  faire dĂ©couvrir de nouvelles plumes. Ainsi de Romain Rolland, Julien Benda, Georges Sorel, Daniel HalĂ©vy ou AndrĂ© Suarès. Toutefois, par son intransigeance et sa ferveur, il se brouille avec tout le monde Ă€ la fin, les Cahiers de la Quinzaine, c’était PĂ©guy tout seul », pointe Alexandre de Vitry, docteur en littĂ©rature et auteur de Conspirations d’un solitaire, l’individualisme civique de Charles PĂ©guy Les Belles Lettres, 2015. Il y a chez PĂ©guy une tension entre l’individu et la citĂ©, poursuit-il, une tension qui se concentre bien dans l’idĂ©e de mystique, cet Ă©lan primitif qui anime tout commencement d’une vie civique. Le prix Ă  payer de cette mystique, c’est la solitude, et cela donne Ă  l’œuvre de PĂ©guy une dimension individualiste. Il ne cesse de produire de la rupture, et il le fait au nom de l’harmonie, de la citĂ©. C’est une sorte de quadrature du cercle. » PĂ©guy, de fait, rĂ©ussit Ă  faire le vide autour de lui. La mĂ©taphysique contre le progrès En 1908, PĂ©guy renoue avec la foi chrĂ©tienne de son enfance. C’est sa seconde conversion ». Mais lĂ  encore, il s’inscrit en faux contre l’institution catholique, qui dĂ©voie selon lui le message du Christ. Les institutions, par essence, lui paraissent oppressives. Alors que le conflit avec l’Allemagne se profile, son amitiĂ© de longue date avec Jean Jaurès n’est plus d’actualitĂ©. PĂ©guy lui reproche sa compromission dans le combisme et la politique politicienne, son pacifisme, et en vient mĂŞme Ă  souhaiter sa mort. Dès la dĂ©claration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès. Nous ne laisserons pas derrière nous un traĂ®tre pour nous poignarder dans le dos », Ă©crit-il, sans se douter que Raoul Villain, un Ă©tudiant nationaliste proche de l’Action française, allait assassiner le leader socialiste le soir du 31 juillet 1914. Lorsque la guerre Ă©clate, PĂ©guy s’engage dans l’armĂ©e et, le 5 septembre 1914, meurt, sabre au clair, tuĂ© d’une balle en plein front alors qu’il exhortait sa compagnie Ă  tenir sa position. Il avait 41 ans. Le vrai cĹ“ur de PĂ©guy, c’est sa postĂ©ritĂ©, avance le philosophe Damien Le Guay. De son vivant, il est restĂ© marginal. Il n’a connu sa gloire qu’après lui. Tout ce qu’il a pensĂ© de son vivant, on le comprend aujourd’hui. » PĂ©guy critique la confiance du scientifique en l’exactitude de son rĂ©sultat alors que le rĂ©el, par essence, est imprĂ©vu » Justement, que comprend-on ? Ce qui interpelle, outre son engagement dans les combats de son temps, c’est surtout sa critique de la modernitĂ© et sa clairvoyance quant au monde qui nous attendait. Pour PĂ©guy, le monde moderne est celui qui s’est installĂ© en lieu et place du monde socialiste qu’il attendait. Un monde dĂ©voyĂ© par l’argent, qui tourne le dos au passĂ© et se dĂ©fie de toutes les cultures. Ce monde moderne, c’est un monde qui veut supprimer la mĂ©taphysique au nom du progrès, prĂ©cise Charles Coustille, auteur de Parking PĂ©guy Flammarion, 2019. C’est l’idĂ©e que le progrès et la science peuvent nous sauver de tout. PĂ©guy critique la confiance du scientifique en l’exactitude de son rĂ©sultat alors que le rĂ©el, par essence, est imprĂ©vu. Le scientifique, lui, plaque toujours des unitĂ©s sur le vivant. » © Valentin Tkach pour Usbek & RicaLa critique de l’histoire qu’il adresse Ă  Ernest Renan, chantre du positivisme en France et figure Ă©minente de la Sorbonne, conteste l’idĂ©e d’une histoire qui serait linĂ©aire, telle une marche en avant. LĂ  rĂ©side sans doute une part substantielle de l’actualitĂ© de PĂ©guy. C’est la question du progrès pour lui-mĂŞme, souligne Damien Le Guay, et c’est une question d’aujourd’hui. PĂ©guy explique que tout ramener Ă  une question de calcul, d’organisation et de progrès favorise une nouvelle mĂ©taphysique qui est celle de l’argent. Alors quand vous avez quelque chose comme Google, une sociĂ©tĂ© hyper capitaliste qui entend corriger les dĂ©fauts de l’homme et fait la promesse eschatologique d’abolir la mort, il me semble qu’on est au bout du dĂ©senchantement dont parlait PĂ©guy. » PĂ©guy, père spirituel de la rĂ©sistance au transhumanisme ? Si l’on veut, rĂ©pond Alexandre de Vitry Il y a des Ă©lĂ©ments chez PĂ©guy qui rĂ©sonnent avec ça, il reproche beaucoup Ă  ses contemporains de vouloir sortir de leur ordre, de se prendre pour Dieu. On retrouve ça aujourd’hui, mais PĂ©guy n’était pas le Jacques Ellul pionnier de la critique de la technique en France, auteur notamment de La Technique ou l’Enjeu du siècle, ndlr que certains voudraient en faire. » PĂ©guy Ă©tait en colère contre son Ă©poque, qui est très semblable Ă  la nĂ´tre » Edwy Plenel, lui, retient surtout de PĂ©guy sa critique prĂ©monitoire du capitalisme et du règne de l’argent. PĂ©guy Ă©tait en colère contre son Ă©poque, qui est très semblable Ă  la nĂ´tre, explique-t-il dans une interview au Nouvel Observateur. Une Ă©poque de transition, de rĂ©volution industrielle, de spĂ©culation financière, un Ă©branlement Ă©conomique, gĂ©opolitique, social. Et il est en colère contre l’universelle marchandise. VoilĂ  sa cible l’abaissement dans la marchandise, dans l’argent. Et c’est le socle de sa colère l’universelle marchandise, qui prend tout, qui prostitue tout, qui uniformise tout. » Des mots qui ont directement inspirĂ© l’un des plus cĂ©lèbres discours de François Mitterrand, prononcĂ© le 13 juin 1971 lors du fameux congrès fondateur » d’Épinay Le vĂ©ritable ennemi … c’est le Monopole ! Terme extensif pour signifier toutes les puissances de l’argent, l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui Ă©crase, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes ! » L’érection de la science et de l’argent dans le rĂ´le de nouveaux dieux, voilĂ  le problème pour PĂ©guy, qui dĂ©nonce le monde de ceux qui font le malin », qui ne croient en rien et en sont fiers. Si PĂ©guy Ă©tait vivant aujourd’hui, il serait dĂ©solĂ© au plus haut point, souffle Matthieu Giroux, mais au moins il pourrait rĂ©injecter du souffle dans le dĂ©senchantement. » Relire PĂ©guy pour son souffle et son extraordinaire plume, son art de la scansion et du verbe, voilĂ  dĂ©jĂ  une première mission raisonnable pour l’immense majoritĂ© de nos contemporains. Retrouvez cet article dans le numĂ©ro 28 d’Usbek & Rica, paru Ă  l’automne 2019. Long read mag SUR LE MĂŠME SUJET > Les ennemis de la machine enquĂŞte sur les technocritiques > Patrick Chastenet Jacques Ellul Ă©tait un lanceur d’alerte » > Pourquoi il faut relire Le Mythe de la machine » > Pourquoi il faut relire L’Obsolescence de l’homme » de GĂĽnther Anders Illustration Ă  la une © Valentin Tkach pour Usbek & Rica
mentionnedans un article que le poème « La mort n’est rien », souvent attribué à Charles Péguy n’a en fait pas été écrit par ce dernier. Extrait : « Le texte intitulé « La mort n’est rien » est
La mort n’est rienLa mort n’est rien,je suis seulement passé, dans la pièce à suis moi. Vous êtes que j’étais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné, parlez-moi comme vous l’avez toujours fait. N’employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi. Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre. La vie signifie tout ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin. Canon Henry Scott-Holland 1847-1918, traduction d’un extrait de The King of Terrors », sermon sur la mort 1910
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