LADESNOS, « CE COEUR QUI HAISSAIT LA GUERRE » > PoĂšte surrĂ©aliste au dĂ©but de sa carriĂšre > Pdt l'occupation, il vit Ă Paris, travaille comme journaliste . Il entre en 42 ds la rĂ©sistance avec groupe « agir » (fabrique des fx papiers pr Juifs et rĂ©sistants). Continue Ă Ă©crire des poĂšmes. ArrĂȘtĂ© en fĂ©v 44, dĂ©portĂ© en TchĂ©coslovaquie ds un camp, meurt le 8 juin 45
Robert Desnos appartient au mouvement surrĂ©aliste aux cĂŽtĂ©s de Eluard, Breton et Aragon. Il s'engage politiquement pendant la Seconde Guerre Mondiale et entre dans la RĂ©sistance en 1941 Ă la suite de la rafle du Vel'd'hiv. ArrĂȘtĂ© en 1944, il meurt du typhus dans le camps de concentration de Terezin en TchĂ©coslovaquie au moment en de la libĂ©ration des camps. DestinĂ©e arbitraire» est un recueil de textes Ă©crit pendant la SGM et publiĂ© en 1975. Le poĂšme Ce coeur qui haĂŻssait la guerre» a Ă©tĂ© publiĂ© clandestinement le 14 juillet 1943 dans la revue l'honneur des poĂštes». Il y Ă©voque son engagement, c'est un exemple de poĂ©sie engagĂ©e. PROBLEMATIQUE Quel message le poĂšte fait-il passer dans ce texte ? I- L'appel au combat malgrĂ© le paradoxe initial II- Un engagement Ă la RĂ©sistance au nom de la libertĂ© dans le contexte de la SGM. I- L'appel au combat malgrĂ© le paradoxe initial 1- Le paradoxe initial Le 1er Ă©voque, Ă travers l'emploi de l'imparfait, haĂŻssait» et le prĂ©sent bat», un opposition entre deux attitudes le pacifisme avant la guerre et le prĂ©sent sous l'occupation nazie oĂč il veut combattre l'opposition. Un jeu de mot liĂ© Ă la mĂ©taphore du coeur ce coeur» dĂ©signe le poĂšte. La mĂ©taphore est filĂ©e avec le verbe battre qui a un double sens qui va conduire au combat, ainsi que les battements du coeur. La reprise des sonoritĂ©s bat, combat, bataille qui vont dans la mĂȘme idĂ©e de battre et de se battre. 2- Du combat individuel au combat collectif Le poĂšme suit une progression du singulier au pluriel ce coeur» l1 est repris en anaphore ligne 3 mais en progression ligne 13 d'autres coeurs» ; de millions d'autres coeurs» ; tous ces coeurs» l14 ; ces coeurs» l23 qui renvoient au chiffre hyperbolique des millions de français l21 et des millions de cervelles 16. 3- Un combat qui s'Ă©tend dans l'espace Ce combat doit s'Ă©tendre partout en France l13 dans la ville et la campagne 8 et 9. L'expansion de se mouvement de rĂ©volte est exprimĂ© Ă travers le champs lexical du bruit c'est le bruit d'autres coeurs» l12 ; je l'entends qui me revient envoyĂ© par les Ă©chos» l11. Le combat se dĂ©place comme les zones sonores dans l'espace. 4- L'image du combat violent et acharnĂ© La violence du combat est suggĂ©rĂ©e par la mĂ©taphore de la ligne 15 leur bruit est celui de la mer Ă l'assaut des falaises». La mer dĂ©signe les rĂ©sistants qui vont affronter les nazis. II- Un engagement Ă la RĂ©sistance au nom de la libertĂ© dans le contexte de la SGM. 1- Un amoureux de la vie Il Ă©voque le rythme naturel du temps l3-4. L'aspect cyclique des marĂ©es, saisons, jours et nuits. Ces cycles renvoient donc Ă la vie. Mais l'amour de la vie sans la libertĂ© n'a pas de sens. 2- Le combat au nom de la libertĂ© La libertĂ© est la raison ou la justification de son combat. La LibertĂ© avec une majuscule l20 est une des valeurs de la RĂ©publique, on se bat pour elle. L'ennemi est clairement dĂ©signĂ© Ă la ligne 18 rĂ©volte contre Hitler et mort Ă ses partisans!». 3- L'espoir dans la victoire Le futur est Ă©voquĂ© Ă la ligne 22 et donc l'avenir de la victoire prochaine. L'image de l'aube marque le dĂ©but d'une nouvelle Ăšre qui va aboutir au triomphe des rĂ©sistants. CONCLUSION Ce poĂšme est un appel Ă la rĂ©sistance dans le cadre de la SGM. Le poĂšte dĂ©passe le paradoxe initial pour entrainer avec lui dans un mĂȘme combat pour la libertĂ© l'ensemble des français. C'est un homme attachĂ© Ă la vie pour qui l'absence de libertĂ© est un non-sens. La date de publication du poĂšme, le 14 juillet 1943 est hautement symbolique. Desnos est un exemple des poĂštes engagĂ©s.
Lecturedu poĂšme « Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre » de Robert Desnos, par Olivier de lâ« Atelyre », atelier de lecture Ă voix haute du lycĂ©e Blaise Pascal etAuteurs français âș XXe siĂšcle âș vous ĂȘtes iciAuteurs françaisRobert Desnos1900 â 1945Sommaire La jeunesse parisienne Les premiers Ă©crits dâaprĂšs-guerre Le SurrĂ©alisme est Ă lâordre du jour et Desnos est son prophĂšte » Une poĂ©sie influencĂ©e par les deux sĆurs parallĂšles du ciel et de lâOcĂ©an » Une exclusion dĂ©terminante Desnos rĂ©sistant Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre⊠» Bibliographie Citations choisies Robert Desnos, nĂ© le 4 juillet 1900 Ă Paris et mort du typhus le 8 juin 1945, est Ă©crivain et poĂšte jeunesse parisienneNĂ© le 4 juillet 1900 dans le XIĂšme arrondissement de Paris, Robert Desnos a grandi dans la capitale et il est Ă©levĂ© dans un milieu petit-bourgeois. Les charmes pittoresques du quartier populaire des Halles, dans lequel sâinstalla quelque temps sa famille, marquent profondĂ©ment la mĂ©moire du futur poĂšte, nourrie dâimages insolites et chatoyantes enseignes de magasins, articles et marchands insolites, couvertures et supplĂ©ments des journaux illustrĂ©s. Ă lâĂ©cole, Robert Desnos sâennuie. Il se plonge dans des lectures en marge de lâĂ©cole et lit les Ćuvres de Victor Hugo ou de Charles Baudelaire en parallĂšle avec les romans policiers dâĂmile Gaboriau ou les romans-feuilletons dâEugĂšne Sue. Le jeune Robert Desnos sâintĂ©resse en effet Ă la culture populaire les hĂ©ros des feuilletons littĂ©raires Nick Carter ; FantĂŽmas ; Buffalo Bill ou les Ă©vĂšnements qui dĂ©fraient la chronique de ce dĂ©but de siĂšcle la bande Ă Bonnot » retiennent particuliĂšrement son attention. Lâimagerie moderne et la littĂ©rature qui imprĂšgnent le monde imaginaire de son enfance lâincitent Ă mettre fin Ă ses Ă©tudes aprĂšs lâobtention de son brevet Ă©lĂ©mentaire en 1916. Refusant de poursuivre une carriĂšre dans le commerce, Ă laquelle le destine son pĂšre, il ambitionne de devenir poĂšte. Quittant le foyer familial dĂšs lâĂąge de seize ans, il travaille alors comme commis dans une droguerie et se forge une solide culture autodidacte quâil assume Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas mĂ©taphysicien⊠Et jâaime le vin pur ».Les premiers Ă©crits dâaprĂšs-guerreCâest Ă partir de 1918, dans la revue Ă tendance socialiste, La Tribune des jeunes, quâil commence Ă publier ses premiers poĂšmes et Ă frĂ©quenter des anti-conformistes. Peu Ă peu introduit dans les milieux littĂ©raires dâavant-garde, il se lie dâamitiĂ© avec le journaliste Henri Jeanson, la militante anarchiste Rirette MaĂźtrejean ou bien encore lâĂ©crivain Armand Salacrou. LâannĂ©e 1919 est marquĂ©e par la publication de ses poĂšmes Prospectus, Le fard des Argonautes et Lâode Ă Coco dans la revue avant-gardiste Le Trait dâunion. La mĂȘme annĂ©e, il devient secrĂ©taire du journaliste Jean de Bonnefon puis responsable de sa maison dâĂ©dition. GrĂące au soutien du poĂšte Louis de Gonzague Frick, il a accĂšs Ă diverses revues Lutetia, Dits modernes. Câest Ă cette Ă©poque quâil rencontre Benjamin PĂ©ret et Roger Vitrac. Il dĂ©couvre aussi le mouvement Dada, courant de contestation culturelle alors en plein essor, qui prĂŽne la remise en cause ludique de toutes les conventions idĂ©ologiques et politiques. Mais en 1920, le service militaire interrompt pour deux ans ses rencontres insolites. Ă son retour Ă Paris en 1922, le mouvement Dada sâessouffle et AndrĂ© Breton, lâinitiateur du mouvement surrĂ©aliste, lance une nouvelle aventure en publiant LĂąchez tout dansla revue LittĂ©rature. Câest par lâintermĂ©diaire de Benjamin PĂ©ret que Robert Desnos rencontre AndrĂ© Breton et sâintĂšgre au groupe de la revue LittĂ©rature, dont font partie Louis Aragon, Paul Ăluard ou RenĂ© Crevel. Le SurrĂ©alisme est Ă lâordre du jour et Desnos est son prophĂšte »Cette affirmation dâAndrĂ© Breton, publiĂ©e dans le Journal littĂ©raire en 1924, de en dit long sur lâĂ©clatante participation de Desnos aux expĂ©rimentations du groupe surrĂ©aliste. Celui-ci sâimpose en effet par son exceptionnelle facultĂ© Ă expĂ©rimenter les limites du langage Ă travers lâĂ©criture automatique, les sommeils hypnotiques, les rĂ©cits de rĂȘves ou de fantasmes. Ces expĂ©riences sont autant dâoccasions pour lui dâexplorer, selon sa propre formule, les espaces du sommeil ». Lors des sĂ©ances de sommeil organisĂ©es par les membres du groupe surrĂ©aliste, Desnos rĂ©pond aux questions des assistants, esquisse des dessins, amorce des poĂšmes. De fait, AndrĂ© Breton le prĂ©sente comme celui qui parle surrĂ©aliste Ă volontĂ© » dans le Manifeste du surrĂ©alisme 1924. ParallĂšlement Ă ces expĂ©riences insolites, Desnos prend part aux diverses manifestations du groupe il signe les dĂ©clarations et Ă©crit rĂ©guliĂšrement dans la cĂ©lĂšbre revue La RĂ©volution surrĂ©aliste. Pour vivre, il travaille comme comptable des publications mĂ©dicales de la Librairie BaillĂšre, courtier de publicitĂ© pour un annuaire industriel ou caissier du journal Paris-Soir. Son premier recueil narratif, Deuil pour deuil, paraĂźt en 1924. Ă partir de 1925, grĂące Ă ses amitiĂ©s dans le milieu du journalisme, il devient journaliste Ă Paris-Soir, puis aux journaux Le Soir et Paris-Matinal. Ces derniĂšres activitĂ©s journalistiques ainsi que la rĂ©daction de chroniques cinĂ©matographiques et de scĂ©narios de cinĂ©ma le rendent moins assidu aux rĂ©unions surrĂ©alistes. En 1927, alors que Breton, Aragon, Ăluard et PĂ©ret dĂ©fendent leur engagement politique au parti communiste, Desnos soutient que lâactivitĂ© du groupe est incompatible avec une action militante Ă ce parti. Ce premier dĂ©saccord prĂ©sage la rupture progressive avec le groupe poĂ©sie influencĂ©e par les deux sĆurs parallĂšles du ciel et de lâOcĂ©an »Cette formule extraite du poĂšme Siramour illustre lâimportance majeure de deux rencontres fĂ©minines dans la vie de Desnos. Au dĂ©but des annĂ©es 1920, il tombe profondĂ©ment amoureux de la chanteuse de music-hall Yvonne George, quâil reprĂ©sente Ă travers le symbole poĂ©tique de lâĂ©toile. Son ami ThĂ©odore Fraenkel rend compte de lâenvers malheureux de cette passion inspiratrice Son amour pour Yvonne George fut violent, douloureux, inlassablement attentif. Il ne fut jamais partagĂ© ». De ce dĂ©sespoir amoureux naissent les poĂšmes Ă la mystĂ©rieuse puis LâĂ©toile de mer. Ce dernier sert de motif Ă un court mĂ©trage rĂ©alisĂ© par Man Ray en 1928. La publication de La LibertĂ© ou lâamour en 1927 provoque un scandale et entraĂźne un procĂšs le tribunal correctionnel de la Seine supprime lâĂ©pisode licencieux du Club des buveurs de la mort prĂ©maturĂ©e dâYvonne George en 1930, Desnos gagne le cĆur de Lucie Badoud, surnommĂ©e Youki par le peintre japonais Foujita dont elle fut la maĂźtresse et la muse. Youki Foujita trouve sa figuration poĂ©tique dans lâimage de la sirĂšne Ă laquelle rĂ©pond celle de lâhippocampe pour le poĂšte. Le poĂšme Siramour marque ce renouveau dans la vie amoureuse de Desnos, qui passe symboliquement de lâamour dâune Ă©toile â figure intangible et disparue â Ă celui dâune sirĂšne vivante et charnelle. Il Ă©crit pour Youki des poĂšmes-chansons recueillis dans Le livre des secrets et Les nuits blanches. Mais la vie du couple est matĂ©riellement difficile pour subsister, Desnos fait de la gĂ©rance dâimmeubles, Ă©crit pour lâAgence LittĂ©raire Internationale et fait quelques confĂ©rences Ă exclusion dĂ©terminanteLes poĂšmes influencĂ©s par la culture populaire que Robert Desnos Ă©crit Ă la fin des annĂ©es 1920 ainsi que son activitĂ© journalistique sont vivement attaquĂ©s par AndrĂ© Breton. Les liens tendus avec le groupe surrĂ©aliste se rompent dĂ©finitivement en 1930, peu aprĂšs la publication du Second Manifeste du surrĂ©alisme dans lequel Breton reproche Ă Desnos sa grande complaisance envers soi-mĂȘme ». Cette annĂ©e-lĂ , Desnos publie lâensemble de ses poĂšmes publiĂ©s en revue de 1919 Ă 1929 dans le recueil Corps et biens. GrĂące Ă Paul Deharme, avec qui il rĂ©alise lâĂ©mission de radio Ă succĂšs, La grande complainte de Fantomas, Desnos sâengage dans une carriĂšre radiophonique et dĂ©laisse petit Ă petit la presse Ă©crite. Cette activitĂ© le passionne au point de vouloir Ă©riger une culture et un art radiophoniques. Il se consacre parallĂšlement Ă la musique en Ă©crivant des chansons de variĂ©tĂ©, des lyrics de films et des cantates ainsi quâau cinĂ©ma en rĂ©digeant des projets de films, des commentaires de documentaires cinĂ©matographiques et des rĂ©sistant Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre⊠»AlarmĂ© par la montĂ©e du fascisme en Europe, son engagement politique ne cesse de croĂźtre dans les annĂ©es 1930. Câest ainsi quâil adhĂšre au Front populaire et aux mouvements dâintellectuels antifascistes, comme lâAssociation des Ă©crivains et artistes rĂ©volutionnaires ou le ComitĂ© de vigilance des Intellectuels antifascistes. Tout au long des annĂ©es 1930, Desnos sâengage clairement contre le fascisme et lâantisĂ©mitisme. ProfondĂ©ment marquĂ© par la guerre civile qui se joue en Espagne de 1936 en 1939, il renonce petit Ă petit Ă ses positions pacifistes. Selon lui, la guerre est inĂ©vitable et la France doit sây prĂ©parer tant physiquement que moralement. Ainsi, lorsque la guerre Ă©clate le 3 septembre 1939, Desnos est mobilisĂ© et son rĂ©giment est envoyĂ© en Lorraine. MalgrĂ© la dĂ©bĂącle de juin 1940 et lâoccupation de Paris, Desnos ne se dĂ©courage pas et devient rĂ©sistant. AprĂšs lâarrestation dâHenri Jeanson et malgrĂ© la censure allemande Ă laquelle est soumis le quotidien Aujourdâhui, Desnos ruse et publie des articles de littĂ©rature qui encouragent Ă lutter pour la libertĂ©. Les annĂ©es 1940 sont marquĂ©es par les activitĂ©s clandestines du poĂšte. DĂšs juillet 1942, il devient un membre actif du rĂ©seau Agirauquel il transmet des informations confidentielles parvenues au quotidien Aujourdâhui. ParallĂšlement, il fabrique de faux papiers pour les Juifs et les rĂ©sistants. Durant cette pĂ©riode, il publie des poĂšmes dans des revues clandestines sous son nom ou sous le masque de pseudonymes. Il rassemble ses derniers poĂšmes Ă©crits dans les recueils Fortunes et Etat de veille, publiĂ©s respectivement en 1942 et 1943. Sa lutte contre le nazisme se poursuit dans ses derniĂšres productions, comme Le MarĂ©chal Ducono, sonnet en argot attaquant PĂ©tain, ou Le Veilleur du Pont-au-Change. Le 22 fĂ©vrier 1944, il est arrĂȘtĂ© Ă son domicile et incarcĂ©rĂ© Ă Fresnes avant dâĂȘtre transfĂ©rĂ© au camp de Royallieu Ă CompiĂšgne. Au mois de juin, un groupe de cent quatre vingt cinq hommes, dont Desnos, est acheminĂ© vers le camp de Floha en Saxe. Pendant prĂšs dâun an, Desnos survit dans des conditions extrĂȘmement dures mais continue Ă Ă©crire de nombreuses lettres Ă Youki qui tĂ©moignent de sa rĂ©sistance. En avril 1945, il est transfĂ©rĂ© au camp de Terezin, en TchĂ©coslovaquie, oĂč il meurt du typhus le 8 juin 1945. Dans le discours prononcĂ© lors de la remise des cendres du poĂšte, Paul Ăluard rend hommage au courage Ă la fois moral et poĂ©tique de Robert Desnos JusquâĂ la mort, Desnos a luttĂ©. Tout au long de ses poĂšmes lâidĂ©e de libertĂ© court comme un feu terrible, le mot de libertĂ© claque comme un drapeau parmi les images les plus neuves, les plus violentes aussi. La poĂ©sie de Desnos, câest la poĂ©sie du courage ».Bibliographie Rose SĂ©lavy 1922-1923 Le PĂ©lican LâAumonyme 1923 Langage cuit 1923 Deuil pour deuil 1924 La LibertĂ© ou lâAmour 1927 Les TĂ©nĂšbres 1927 Corps et biens 1930 Sans cou 1934 Fortunes 1942 Ătat de veille 1943 Le vin est tirĂ© 1943 Le Veilleur du pont-au-change Le Souci 1943 LâHonneur des poĂštes 1943 ContrĂ©e 1944 Le Bain avec AndromĂšde 1944 Rue de la GaitĂ© ; Voyage en Bourgogne ; PrĂ©cis de cuisine pour les jours heureux 1947, publication posthume La Complainte de FantĂŽmas 1954, publication posthume Chantefables et chantefleurs 1970, publication posthume DestinĂ©e arbitraire 1975, publication posthume Nouvelles-HĂ©brides et autres textes 1978, publication posthumeCitations choisies Vous qui nâavez pas peur de la mort essayez donc un peu lâennui. Il ne vous servira plus Ă rien par la suite de mourir. La LibertĂ© ou lâAmour Nul paradis nâest permis Ă qui sâest rendu compte un jour de lâexistence de lâinfini. La LibertĂ© ou lâAmour Un cĆur câest aussi un petit pois qui germera ridiculement, dans la destinĂ©e dâaccompagner de façon anonyme la dĂ©pouille mortelle dâun canard sauvage, sur un plat dâargent, dans une sauce richement colorĂ©e. La LibertĂ© ou lâAmour Le parfum des dĂ©esses berce la paresse des dĂ©funts. La revue LittĂ©rature â DĂ©cembre 1922 Tout sur terre est baroque. Le bateau nâest pas plus fait pour la mer que pour le ciel. Nouvelles-HĂ©brides et autres textes Plus grande est notre fortune â Et plus sombre est notre sort. Le Bain avec AndromĂšde Les disciples de la lumiĂšre nâont jamais inventĂ© que des tĂ©nĂšbres peu opaques. Corps et biens La surprenante mĂ©tamorphose du sommeil nous rend Ă©gaux aux dieux. Deuil pour deuil Aimable souvent est sable mouvant. Corps et biens De mĂȘme quâen 1789 la monarchie absolue fut renversĂ©e, il faut en 1925 abattre la divinitĂ© absolue. Il y a quelque chose de plus fort que Dieu. Il faut rĂ©diger la DĂ©claration des droits de lâĂąme, il faut libĂ©rer lâesprit, non pas en le soumettant Ă la matiĂšre, mais en lui soumettant Ă jamais la matiĂšre ! La LibertĂ© ou lâAmourâ Autres citations de Robert connexes Auteurs du XXe siĂšcle. Histoire de la France Le XXe siĂšcle. Courants littĂ©raires du XXe siĂšcle Le dadaĂŻsme, le SurrĂ©alisme, lâExistentialisme, le Nouveau roman. Exercice Le surrĂ©alisme. LumiĂšre sur⊠LittĂ©rature et engagement au XXe siĂšcle. LâAcadĂ©mie française. Suggestion de livresRecherche sur le site Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre » de Robert Desnos PrĂ©sentation: La poĂ©sie, Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre, date de 1943. Son auteur, Robert Desnos, est souvent associĂ© Ă la seconde guerre mondial de part son engagement Ă la rĂ©sistance qu'il illustre dans des poĂšmes qu'il publie clandestinement. LES GRANDS JOURS DU POĂTE Les disciples de la lumiĂšre nâont jamais inventĂ© que des tĂ©nĂšbres peu opaques. La riviĂšre roule un petit corps de femme et cela signifie que la fin est proche. La veuve en habits de noce se trompe de convoi; nous arrivons tous en retard Ă notre tombeau. Un navire de chair sâenlise sur une petite plage. Le timonier invite les passagers Ă se taire. Les flots attendent impatiemment plus prĂšs de Toi ĂŽ mon dieu. Le timonier invite les flots Ă parler. Ils parlent. La nuit cachetĂ© ses bouteilles avec des Ă©toiles et fait fortune dans lâexportation. De grands comptoirs se construisent pour vendre des rossignols. Mais ils ne peuvent satisfaire aux dĂ©sirs de la reine de SibĂ©rie qui veut un rossignol blanc. Un commodore anglais jure quâon ne le prendra plus Ă cueillir la sauge la nuit entre les pieds des statues de sel. A ce propos une petite saliĂšre CĂ©rĂ©bos se dresse avec difficultĂ© sur ses jambes fines. Elle verse dans mon assiette ce quâil me reste Ă vivre. De quoi saler lâocĂ©an Pacifique. Vous mettrez sur ma tombe une bouĂ©e de sauvetage. Parce quâon ne sait jamais. Câest les bottes de 7 lieues cette phrase, je ma vois. â 1927 . . . PORTE DU SECOND INFINI A Antonin Artaud. Lâencrier pĂ©riscope me guette au tournant mon porte-plume rentre dans sa coquille. La feuille de papier dĂ©ploie ses grandes ailes blanches Avant peu ses deux serres mâarracheront les yeux. Je nây verrai que du feu mon corps feu mon corps Vous eĂ»tes lâoccasion de le voir en grand appareil le jour de tous les ridicules. Les femmes mirent leurs bijoux dans leur bouche comme DĂ©mosthĂšne. Mais je suis inventeur dâun tĂ©lĂ©phone de verre de BohĂȘme et de tabac anglais en relation directe avec la peur! Câest les bottes de 7 lieues cette phrase, je me vois â 1926 . . . IDEAL MAĂTRESSE Je mâĂ©tais attardĂ© ce matin-lĂ Ă brasser les dents dâun joli animal que, patiemment, jâapprivoise. Câest un camĂ©lĂ©on. Cette aimable bĂȘte fuma, comme Ă lâordinaire, quelques cigarettes puis je partis. Dans lâescalier je la rencontrai. Je mauv » me dit-elle et tandis que moiâmĂȘme je cristal Ă pleine ciel-je Ă son regard qui fleuve vers moi. Or il serrure et, maĂźtresse! Tu pichpin quâa joli vase je me chaise si les chemins tombeaux. Lâescalier, toujours lâescalier qui bibliothĂšque et la foule au bas plus abĂźme que le soleil ne cloche. Remontons! mais en vain, les souvenirs se sardine! Ă peine, Ă peine un bouton tirelire-t-il. Tombez, tombez! En voici le verdict La danseuse sera fusillĂ©e Ă lâaube en tenue de danse avec ses bijoux immolĂ©s au feu de son corps. Le sang des bijoux, soldats! » Eh quoi, dĂ©jĂ je miroir. MaĂźtresse tu carrĂ© noir et si les nuages de tout lâheure myosotis, ils moulins dans la toujours prĂ©sente Ă©ternitĂ©. Langage cuit â 1932 . . . A la faveur de la nuit Se glisser dans ton ombre Ă la faveur de la nuit. Suivre tes pas, ton ombre Ă la fenĂȘtre. Cette ombre Ă la fenĂȘtre câest toi, ce nâest pas une autre, câest toi. Nâouvre pas cette fenĂȘtre derriĂšre les rideaux de laquelle tu bouges. Ferme les yeux. Je voudrais les fermer avec mes lĂšvres. Mais la fenĂȘtre sâouvre et le vent, le vent qui balance bizarrement la flamme et le drapeau entoure ma fuite de son manteau. La fenĂȘtre sâouvre ce nâest pas toi. Je le savais bien. A la MystĂ©rieuse, 1926 . . . Demain ĂgĂ© de cent-mille ans, jâaurais encore la force De tâattendre, o demain pressenti par lâespoir. Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses, Peut gĂ©mir neuf est le matin, neuf est le soir. Mais depuis trop de mois nous vivons Ă la veille, Nous veillons, nous gardons la lumiĂšre et le feu, Nous parlons Ă voix basse et nous tendons lâoreille A maint bruit vite Ă©teint et perdu comme au jeu. Or, du fond de la nuit, nous tĂ©moignons encore De la splendeur du jour et de tous ses prĂ©sents. Si nous ne dormons pas câest pour guetter lâaurore Qui prouvera quâenfin nous vivons au prĂ©sent. Ătat de veille, 1942 . . . Ce coeur qui haĂŻssait la guerre Ce coeur qui haĂŻssait la guerre voilĂ quâil bat pour le combat et la bataille ! Ce coeur qui ne battait quâau rythme des marĂ©es, Ă celui des saisons, Ă celui des heures du jour et de la nuit, VoilĂ quâil se gonfle et quâil envoie dans les veines un sang brĂ»lant de salpĂȘtre et de haine. Et quâil mĂšne un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent Et quâil nâest pas possible que ce bruit ne se rĂ©pande pas dans la ville et la campagne Comme le son dâune cloche appelant Ă lâĂ©meute et au combat. Ăcoutez, je lâentends qui me revient renvoyĂ© par les Ă©chos. Mais non, câest le bruit dâautres coeurs, de millions dâautres coeurs battant comme le mien Ă travers la France. Ils battent au mĂȘme rythme pour la mĂȘme besogne tous ces coeurs, Leur bruit est celui de la mer Ă lâassaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un mĂȘme mot dâordre RĂ©volte contre Hitler et mort Ă ses partisans ! Pourtant ce coeur haĂŻssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot LibertĂ© a suffi Ă rĂ©veiller les vieilles colĂšres Et des millions de Francais se prĂ©parent dans lâombre Ă la besogne que lâaube proche leur imposera. Car ces coeurs qui haĂŻssaient la guerre battaient pour la libertĂ© au rythme mĂȘme des saisons et des marĂ©es, du jour et de la nuit. . . . Le veilleur du Pont-au-Change » Je suis le veilleur de la rue de Flandre, Je veille tandis que dort Paris. Vers le nord un incendie lointain rougeoie dans la nuit. Jâentends passer des avions au-dessus de la ville. Je suis le veilleur du Point-du-Jour. La Seine se love dans lâombre, derriĂšre le viaduc dâAuteuil, Sous vingt-trois ponts Ă travers Paris. Vers lâouest jâentends des explosions. Je suis le veilleur de la Porte DorĂ©e. Autour du donjon le bois de Vincennes Ă©paissit ses tĂ©nĂšbres. Jâai entendu des cris dans la direction de CrĂ©teil Et des trains roulent vers lâest avec un sillage de chants de rĂ©volte. Je suis le veilleur de la Poterne des Peupliers. Le vent du sud mâapporte une fumĂ©e Ăącre, Des rumeurs incertaines et des rĂąles Qui se dissolvent, quelque part, dans Plaisance ou Vaugirard. Au sud, au nord, Ă lâest, Ă lâouest, Ce ne sont que fracas de guerre convergeant vers Paris. Je suis le veilleur du Pont-au-Change Veillant au cĆur de Paris, dans la rumeur grandissantev OĂč je reconnais les cauchemars paniques de lâennemi, Les cris de victoire de nos amis et ceux des Français, Les cris de souffrance de nos frĂšres torturĂ©s par les Allemands dâHitler. Je suis le veilleur du Pont-au-Change Ne veillant pas seulement cette nuit sur Paris, Cette nuit de tempĂȘte sur Paris seulement dans sa fiĂšvre et sa fatigue, Mais sur le monde entier qui nous environne et nous presse. Dans lâair froid tous les fracas de la guerre Cheminent jusquâĂ ce lieu oĂč, depuis si longtemps, vivent les hommes. Des cris, des chants, des rĂąles, des fracas il en vient de partout, Victoire, douleur et mort, ciel couleur de vin blanc et de thĂ©, Des quatre coins de lâhorizon Ă travers les obstacles du globe, Avec des parfums de vanille, de terre mouillĂ©e et de sang, Dâeau salĂ©e, de poudre et de bĂ»chers, De baisers dâune gĂ©ante inconnue enfonçant Ă chaque pas dans la terre grasse de chair humaine. Je suis le veilleur du Pont-au-Change Et je vous salue, au seuil du jour promis Vous tous camarades de la rue de Flandre Ă la Poterne des Peupliers, Du Point-du-Jour Ă la Porte DorĂ©e. Je vous salue vous qui dormez AprĂšs le dur travail clandestin, Imprimeurs, porteurs de bombes, dĂ©boulonneurs de rails, incendiaires, Distributeurs de tracts, contrebandiers, porteurs de messages, Je vous salue vous tous qui rĂ©sistez, enfants de vingt ans au sourire de source Vieillards plus chenus que les ponts, hommes robustes, images des saisons, Je vous salue au seuil du nouveau matin. Je vous salue sur les bords de la Tamise, Camarades de toutes nations prĂ©sents au rendez-vous, Dans la vieille capitale anglaise, Dans le vieux Londres et la vieille Bretagne, AmĂ©ricains de toutes races et de tous drapeaux, Au-delĂ des espaces atlantiques, Du Canada au Mexique, du BrĂ©sil Ă Cuba, Camarades de Rio, de Tehuantepec, de New York et San Francisco. Jâai donnĂ© rendez-vous Ă toute la terre sur le Pont-au-Change, Veillant et luttant comme vous. Tout Ă lâheure, PrĂ©venu par son pas lourd sur le pavĂ© sonore, Moi aussi jâai abattu mon ennemi. Il est mort dans le ruisseau, lâAllemand dâHitler anonyme et haĂŻ, La face souillĂ©e de boue, la mĂ©moire dĂ©jĂ pourrissante, Tandis que, dĂ©jĂ , jâĂ©coutais vos voix des quatre saisons, Amis, amis et frĂšres des nations amies. JâĂ©coutais vos voix dans le parfum des orangers africains, Dans les lourds relents de lâocĂ©an Pacifique, Blanches escadres de mains tendues dans lâobscuritĂ©, Hommes dâAlger, Honolulu, Tchoung-King, Hommes de Fez, de Dakar et dâAjaccio. Enivrantes et terribles clameurs, rythmes des poumons et des cĆurs, Du front de Russie flambant dans la neige, Du lac Ilmen Ă Kief, du Dniepr au Pripet, Vous parvenez Ă moi, nĂ©s de millions de poitrines. Je vous Ă©coute et vous entends. NorvĂ©giens, Danois, Hollandais, Belges, TchĂšques, Polonais, Grecs, Luxembourgeois, Albanais et Yougo-Slaves, camarades de lutte. Jâentends vos voix et je vous appelle, Je vous appelle dans ma langue connue de tous Une langue qui nâa quâun mot LibertĂ© ! Et je vous dis que je veille et que jâai abattu un homme dâHitler. Il est mort dans la rue dĂ©serte Au cĆur de la ville impassible jâai vengĂ© mes frĂšres assassinĂ©s Au Fort de Romainville et au Mont ValĂ©rien, Dans les Ă©chos fugitifs et renaissants du monde, de la ville et des saisons. Et dâautres que moi veillent comme moi et tuent, Comme moi ils guettent les pas sonores dans les rues dĂ©sertes, Comme moi ils Ă©coutent les rumeurs et les fracas de la terre. Ă la Porte DorĂ©e, au Point-du-Jour, Rue de Flandre et Poterne des Peupliers, Ă travers toute la France, dans les villes et les champs, Mes camarades guettent les pas dans la nuit Et bercent leur solitude aux rumeurs et fracas de la terre. Car la terre est un camp illuminĂ© de milliers de feux. Ă la veille de la bataille on bivouaque par toute la terre Et peut-ĂȘtre aussi, camarades, Ă©coutez-vous les voix, Les voix qui viennent dâici quand la nuit tombe, Qui dĂ©chirent des lĂšvres avides de baisers Et qui volent longuement Ă travers les Ă©tendues Comme des oiseaux migrateurs quâaveugle la lumiĂšre des phares Et qui se brisent contre les fenĂȘtres du feu. Que ma voix vous parvienne donc Chaude et joyeuse et rĂ©solue, Sans crainte et sans remords Que ma voix vous parvienne avec celle de mes camarades, Voix de lâembuscade et de lâavant-garde française. Ăcoutez-nous Ă votre tour, marins, pilotes, soldats, Nous vous donnons le bonjour, Nous ne vous parlons pas de nos souffrances mais de notre espoir, Au seuil du prochain matin nous vous donnons le bonjour, Ă vous qui ĂȘtes proches et, aussi, Ă vous Qui recevrez notre vĆu du matin Au moment oĂč le crĂ©puscule en bottes de paille entrera dans vos maisons. Et bonjour quand mĂȘme et bonjour pour demain ! Bonjour de bon cĆur et de tout notre sang ! Bonjour, bonjour, le soleil va se lever sur Paris, MĂȘme si les nuages le cachent il sera lĂ , Bonjour, bonjour, de tout cĆur bonjour ! . . Repris dans Robert Desnos, DestinĂ©e arbitraire, Paris, Gallimard, 1975 . . . Robert Desnos Source PoĂštes en RĂ©sistance Robert Desnos est nĂ© le 4 juillet 1900 Ă Paris. Il passe son enfance dans un quartier populaire oĂč son pĂšre, Lucien, est mandataire aux Halles pour la volaille et le gibier. Il lit Hugo et Baudelaire, se passionne pour la culture populaire, les romans et les bandes dessinĂ©es. En 1919, Desnos devient secrĂ©taire de Jean de Bonnefon et gĂ©rant de sa maison dâĂ©dition. Dans une revue dâavant-garde, Trait dâunion, il publie quelques poĂšmes, parfois influencĂ©s par Apollinaire. Robert Desnos rencontre Benjamin PĂ©ret qui lui fait dĂ©couvrir le mouvement Dada » et lui prĂ©sente AndrĂ© Breton. Il rejoint le groupe des surrĂ©alistes et participe Ă leurs expĂ©riences â annĂ©es dâexpĂ©rimentation du langage et de ses possibilitĂ©s. AndrĂ© Breton lui offre un vĂ©ritable hommage dans le Journal littĂ©raire 5 juillet 1924 Le surrĂ©alisme est Ă lâordre du jour et Desnos est son prophĂšte. » Mais peu Ă peu, les liens avec les surrĂ©alistes vont se distendre, notamment quand Breton, Ăluard et Aragon sâengagent activement au parti communiste. Robert Desnos connaĂźt lâaventure radiophonique et se dĂ©place de lâĂ©crit vers des formes orales. Lâessentiel est alors de communiquer â la littĂ©rature est un moyen parmi dâautres â et dâestomper les barriĂšres entre milieux cultivĂ©s et milieux incultes. En 1918, Robert Desnos publie des textes dans la Tribune des jeunes, une revue de tendance socialisante ; il est ensuite journaliste Ă Paris-Soir 1925-1926, puis aux journaux Le Soir 1926-1929, Paris-Matinal 1927-1928 et Le Merle. En 1930, il se contente de donner quelques chroniques dans des hebdomadaires Ă©ditĂ©s par la Nouvelle Revue française les journaux ont fait faillite ou ont interrompu leur publication en raison de la crise qui touche alors sĂ©vĂšrement la France. Desnos sâengage de plus en plus. Son refus dâadhĂ©rer au parti communiste ne signifie pas quâil se dĂ©sintĂ©resse de la politique. Ăpris de libertĂ©, son engagement politique ne va cesser de croĂźtre avec la montĂ©e des pĂ©rils ». DĂšs 1934, il participe au mouvement frontiste et adhĂšre aux mouvements dâintellectuels antifascistes comme lâAssociation des Ă©crivains et artistes rĂ©volutionnaires. ChoquĂ© par la guerre dâEspagne et le refus de Blum dây engager la France, dans une conjoncture internationale de plus en plus menaçante, Desnos renonce Ă ses positions pacifistes la France doit se prĂ©parer Ă la guerre, pour dĂ©fendre son indĂ©pendance, sa culture et son territoire, et pour faire obstacle au fascisme. AprĂšs la dĂ©faite, la vie Ă Paris est difficile ses activitĂ©s radiophoniques se font rares et sont Ă©troitement surveillĂ©es. Desnos entre comme chef des informations dans le journal dâHenri Jeanson et Robert Perrier, Aujourdâhui. Mais lâindĂ©pendance du journal est de courte durĂ©e Jeanson est arrĂȘtĂ© et le journal devient le porte-parole de lâoccupant. Desnos continuera cependant dây Ă©crire rĂ©guliĂšrement jusquâen dĂ©cembre 1943 sous son nom, sous pseudonyme ou anonymement. Il ruse avec la censure et doit surveiller ses paroles. Cette activitĂ© lui permet nĂ©anmoins de couvrir ses activitĂ©s dans le rĂ©seau de rĂ©sistance Agir auquel il appartient depuis juillet 1942. Mais le 22 fĂ©vrier 1944, Robert Desnos est arrĂȘtĂ© Ă son domicile par la Gestapo et dĂ©portĂ© dans plusieurs camps. En avril 1945, il est transfĂ©rĂ© jusquâen TchĂ©coslovaquie, dans le camp de concentration de Theresienstadt, Ă Terezin. ĂpuisĂ© par les privations, malade du typhus, il meurt le 8 juin 1945.
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La voix du poĂšteRobert Desnos - Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre Temps de lecture 3 minutes Le Coeur, par Henri Matisse 1869-1954Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat © Succession H. Matisse Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre voilĂ quâil bat pour le combat et la bataille !Ce cĆur qui ne battait quâau rythme des marĂ©es, Ă celui des saisons, Ă celui des heures du jour et de la nuit,VoilĂ quâil se gonfle et quâil envoie dans les veines un sang brĂ»lant de salpĂȘtre et de haineEt quâil mĂšne un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflentEt quâil nâest pas possible que ce bruit ne se rĂ©pande pas dans la ville et la campagneComme le son dâune cloche appelant Ă lâĂ©meute et au je lâentends qui me revient renvoyĂ© par les non, câest le bruit dâautres cĆurs, de millions dâautres cĆurs battant comme le mien Ă travers la battent au mĂȘme rythme pour la mĂȘme besogne tous ces cĆurs,Leur bruit est celui de la mer Ă lâassaut des falaisesEt tout ce sang porte dans des millions de cervelles un mĂȘme mot dâordre RĂ©volte contre Hitler et mort Ă ses partisans !Pourtant ce cĆur haĂŻssait la guerre et battait au rythme des saisons,Mais un seul mot LibertĂ© a suffi Ă rĂ©veiller les vieilles colĂšresEt des millions de Français se prĂ©parent dans lâombre Ă la besogne que lâaube proche leur ces cĆurs qui haĂŻssaient la guerre battaient pour la libertĂ© au rythme mĂȘme des saisons et des marĂ©es, du jour et de la nuit. Extrait du recueil posthume DestinĂ©e arbitraire Ă©ditĂ© par Marie-Claire Dumas © Gallimard, 1975 Robert Desnos entre dans le rĂ©seau clandestin Agir en 1942. La Gestapo lâarrĂȘte le 22 fĂ©vrier 1944. DĂ©portĂ©, il meurt du typhus Ă Terezin le 8 juin 1945. Durant les annĂ©es 1920, le pape AndrĂ© Breton lâavait adoubĂ© prophĂšte du surrĂ©alisme. Mais Desnos sâĂ©tait Ă©mancipĂ© de lâĂ©criture automatique. Il exerçait sa curiositĂ© insatiable Ă la presse et Ă la radio, en vers comme en prose. Lui qui fut agent de publicitĂ© mettra son art au service de la RĂ©sistance sans le corrompre. Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre⊠» paraĂźt en juillet 1943 dans la revue LâHonneur des poĂštes. On y reconnaĂźt le goĂ»t de Desnos pour une langue populaire. Il multiplie les structures prosaĂŻques, choisit une structure argumentaire simple pour une plus grande efficacitĂ©. Les dĂ©monstratifs, les voilĂ , la deuxiĂšme personne dâĂ©coutez contribuent Ă impliquer le lecteur. Le poĂšme tout entier se fonde sur lâidĂ©e de diffusion. Le battement dâun cĆur Ă©tend son influence dans un individu puis des millions. Lâimage sâappuie sur les rĂ©alitĂ©s du corps et la symbolique du sang, avant que le poĂšte ne donne Ă ce bruit les caractĂ©ristiques dâun Ă©lĂ©ment naturel puissant et irrĂ©sistible comme la marĂ©e ou les saisons. Admirez la concision du mot dâordre RĂ©volte contre Hitler et mort Ă ses partisans ! » Sâil nây a pas combattu, Robert Desnos reste marquĂ© par le souvenir de la PremiĂšre Guerre. Mais un seul mot a suffi Ă rĂ©veiller les vieilles colĂšres. Il constatait Ă la mĂȘme Ă©poque En dĂ©finitive ce nâest pas la poĂ©sie qui doit ĂȘtre libre, câest le poĂšte. » Ă lire, Ćuvres en Quarto »chez Gallimard Vous avez aimĂ© ? Partagez-le ! N° 58 27 Mai 2015 Le mot de...ObĂ©issance Robert SolĂ© Je rĂ©siste, tu rĂ©sistes, il rĂ©siste⊠On peut rĂ©sister Ă la chaleur, Ă la faim ou Ă la douleur. RĂ©sister Ă lâenvie de fumer ou de flanquer une gifle Ă un malotru. RĂ©sister au changement ou Ă lâai⊠Parlons philoOui au Non Michel Onfray RĂ©sister, câest dire non dans un monde oĂč tout nous invite Ă dire oui. RĂ©sistant, le philosophe DiogĂšne de Sinope qui, rencontrant Alexandre le Grand dans sa superbe, dit au maĂźtre de lâempire qui lui demandait nâimporte queâŠ
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