Résumé Le Masque de la Mort Rouge (en anglais: The Masque of the Red Death) est une nouvelle d'Edgar Allan Poe publiée pour la première fois en mai 1842 dans le Graham's Lady's and Gentleman's Magazine sous le titre The Mask of the Red Death, avec le sous-titre A Fantasy. Une version révisée est parue le 19 juillet 1845 dans le Broadway
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Suiviedu masque de la mort rouge - Classiques et contemporains. Collectif Magnard, Jack London, Edgar Allan Poe - Collection Classiques et contemporains - Collège, Lycée. (0 avis) Donner votre avis. 128 pages, parution le 22/06/2021. Livre papier.
Un événement surnaturel Lecture analytique d'un extrait du masque de la mort rouge » La peste que l’on nomme la Mort rouge s’est abattue sur le pays et fait des ravages d’une ampleur inouïe. Le riche prince Prospero décide alors de se retirer dans une abbaye fortifiée avec mille amis choisis pour y vivre une vie de plaisir en attendant que le mal passe. Au bout de quelques mois, le prince propose un bal masqué dans sept salles de couleurs différentes. Et la fête tourbillonnait toujours lorsque s’éleva enfin le son de minuit de l’horloge. Alors, comme je l’ai dit, la musique s’arrêta ; le tournoiement des valseurs fut suspendu ; il se fit partout, comme naguère, une anxieuse immobilité. Mais le timbre de l’horloge avait cette fois douze coups à sonner ; aussi, il se peut bien que plus de pensées se soit glissée dans les méditations de ceux qui pensaient parmi cette foule festoyante. Et ce fut peut-être aussi pour cela que plusieurs personnes parmi cette foule, avant que les derniers échos du dernier coup fussent noyés dans le silence, avaient eu le temps de s’apercevoir de la présence d’un masque qui jusque-là n’avait aucunement attiré l’attention. Et, la nouvelle de cette intrusion s’étant répandue en un chuchotement à la ronde, il s’éleva de toute l’assemblée un bourdonnement, un murmure significatif d’étonnement et de désapprobation, - puis, finalement, de terreur, d’horreur et de dégoût. Dans une réunion de fantômes telle que je l’ai décrite, il fallait sans doute une apparition bien extraordinaire pour causer une telle sensation [...] Toute l’assemblée parut alors sentir profondément le mauvais goût et l’inconvenance de la conduite et du costume de l’étranger. Le personnage était grand et décharné 1, et enveloppé d’un suaire 2 de la tête aux pieds. Le masque qui cachait le visage représentait si bien la physionomie d’un cadavre raidi, que l’analyse la plus minutieuse aurait difficilement découvert l’artifice. Et cependant, tous ces fous joyeux auraient peut-être supporté, sinon approuvé, cette laide plaisanterie. Mais le masque avait été jusqu’à adopter le type de la Mort rouge. Son vêtement était barbouillé de sang, - et son large front, ainsi que tous les traits de sa face, étaient aspergés de l’épouvantable écarlate. Quand les yeux du prince Prospero tombèrent sur cette figure de spectre [...], on le vit d’abord convulsé par un violent frisson de terreur et de dégoût ; mais, une seconde après, son front s’empourpra de rage. - Qui ose, - demanda-t-il, d’une voix enrouée, aux courtisans debout près de lui, - qui ose nous insulter par cette ironie blasphématoire 3 ? Emparez-vous de lui, et démasquez-le - que nous sachions qui nous aurons à pendre aux créneaux, au lever du soleil ! [...] Mais, par suite d’une certaine terreur indéfinissable que l’audace insensée du masque avait inspirée à toute la société, il ne se trouva personne pour lui mettre la main dessus ; si bien que, ne trouvant aucun obstacle, il passa à deux pas de la personne du prince ; et pendant que l’immense assemblée, comme obéissant à un seul mouvement, reculait du centre de la salle vers les murs, il continua sa route sans interruption, de ce même pas solennel et mesuré qui l’avait tout d’abord caractérisé, de la chambre bleue à la chambre pourpre, - de la chambre pourpre à la chambre verte, - de la verte à l’orange, - de celle-ci à la blanche, et de celle-là à la violette, avant qu’on eût fait un mouvement décisif pour l’arrêter. Ce fut alors, toutefois, que le prince Prospero, exaspéré par la rage et la honte de sa lâcheté d’une minute, s’élança précipitamment à travers les six chambres, où nul ne le suivit ; car une terreur mortelle s’était emparée de tout le monde. Il brandissait un poignard nu, et s’était approché impétueusement 4 à une distance de trois ou quatre pieds 5 du fantôme qui battait en retraite, quand ce dernier, arrivé à l’extrémité de la salle de velours, se retourna brusquement et fit face à celui qui le poursuivait. Un cri aigu partit, - et le poignard glissa avec un éclair sur le tapis funèbre où le prince Prospero tombait mort une seconde après. Alors, invoquant le courage violent du désespoir, une foule de masques se précipita à la fois dans la chambre noire ; et, saisissant l’inconnu, qui se tenait, comme une grande statue, droit et immobile dans l’ombre de l’horloge d’ébène, ils se sentirent suffoqués par une terreur sans nom, en voyant que sous le linceul et le masque cadavéreux, qu’ils avaient empoignés avec une si violente énergie, ne logeait aucune forme palpable. On reconnut alors la présence de la Mort rouge. Elle était venue comme un voleur de nuit. Et tous les convives tombèrent un à un dans les salles de l’orgie inondées d’une rosée sanglante, et chacun mourut dans la posture désespérée de sa chute. Et la vie de l’horloge d’ébène disparut avec celle du dernier de ces êtres joyeux. Et les flammes des trépieds expirèrent. Et les Ténèbres, et la Ruine, et la Mort rouge, établirent sur toutes choses leur empire illimité. Edgar Allan Poe Notes 1 - Décharné Qui n’a de plus de chair, très maigre. 2 - Suaire linceul, toile dans laquelle on ensevelit un mort. 3 - Blasphématoire insultante. 4 - Impétueusement avec vivacité, fougue. 5 - Pieds unité de mesure valant 0,348 mètre. Lecture analytique Une fête donnée par le prince Prospero dont le nom évoque la prospérité a lieu pendant cette sombre période durant laquelle la peste sévit. Tous les mots qui suivent se rapportent au thème de l'amusement, de la fête la fête tourbillonnait », la musique », le tournoiement des valseurs », cette foule festoyante », ces fous joyeux ». Lors de cette fête, un individu fait irruption. Le deuxième paragraphe le décrit comme portant un masque représentant le visage d’un cadavre raidi et barbouillé de sang. La fin de l’extrait révèle qu’il n’y a rien derrière ce masque, qu’il n’y a aucune forme palpable ». En fait, il s’agit de la mort personnifiée, de la peste elle-même qui s’invite à la fête. Son intrusion provoque l’effroi. Le mot terreur » répété plusieurs fois le montre bien. On peut ainsi relever le champ lexical de la peur anxieuse », de terreur, d’horreur et de dégoût », épouvantable », un violent frisson de terreur et de dégoût », une certaine terreur indéfinissable », une terreur mortelle », une terreur sans nom ». Dès le début, l’atmosphère est inquiétante. Les douze de coups de minuit sonnent, puis la musique s’arrête dans une anxieuse immobilité » des convives. D'entrée, les convives sont condamnés. Ils ne sont qu'une "réunion de fantômes". De fait, la mort est omniprésente lors de cette soirée. C'est ce que montrent les termes fantômes » répété deux fois, suaire », cadavre raidi », sang », spectre », pendre », funèbre », linceul », masque cadavéreux » et rosée sanglante ». L'horloge elle-même a partie liée avec la mort. Lorsqu'elle s'arrête, la vie s'arrête. L’apparition de la Mort rouve provoque une terreur sans nom, précisément parce qu’elle est innommable on ne peut pas la nommer. Quelque chose qui n’existe pas se manifeste. C’est un événement surnaturel les lois de la nature, du quotidien, du réel sont bouleversées par l’irruption de la mort qui s’est incarnée dans ce personnage inquiétant dont le masque cadavéreux ne cache aucun individu. Le texte s’achève sur un dernier événement surnaturel l’horloge cesse de marquer le temps en même temps que la vie cesse, que la mort établit son empire. Partager À voir également Définition du fantastique Tzvetan Todorov Le Horla Satan, brève histoire du diable Le diable amoureux Maisle masque avait été jusqu'à adopter le type de la Mort Rouge. Son vêtement était barbouillé de sang — et son large front, ainsi que les traits de sa face, étaient aspergés de l'é­pouvantable écarlate. » Au fil des dix-neuf nouvelles qui composent ce recueil, Edgar Allan Poe nous invite à la célébra­tion sanglante des noces de l'horreur et de la mort. Journaliste de français arabe allemand anglais espagnol français hébreu italien japonais néerlandais polonais portugais roumain russe suédois turc ukrainien chinois espagnol Synonymes arabe allemand anglais espagnol français hébreu italien japonais néerlandais polonais portugais roumain russe suédois turc ukrainien chinois ukrainien Ces exemples peuvent contenir des mots vulgaires liés à votre recherche Ces exemples peuvent contenir des mots familiers liés à votre recherche J'ai vu ce regard... 100 fois le masque de la mort avec les yeux rouges. Et ça c'est le masque de la mort de cet arbre de 300 millions d'années. Dans une urne de verre séparé est finalement gardé le masque de la mort, en cire, Paolo Mascagni, le premier qui décrit parfaitement le système lymphatique. En una urna de cristal por separado finalmente se mantiene la máscara de la muerte, en cera, Paolo Mascagni, el primero que describe perfectamente el sistema linfático. Si Le Masque de la mort rouge est l'histoire dont il s'inspire, nous avons une chance de le capturer à votre bal. Si La máscara de la Muerte Roja es su próxima historia tenemos que aprovechar la oportunidad para capturar a este hombre en su baile. Poe publie des versions révisées de nombre de ses œuvres, notamment le Masque de la Mort rouge ou le Portrait ovale. Poe publicó nuevas versiones de varios de sus obras, incluyendo "La máscara de la muerte roja", "El retrato oval", entre otros. Le Masque de la Mort Rouge Résumé, Analyse & Activités Edgar Allan Poe La Máscara de la Muerte Roja Resumen, Análisis y Actividades Edgar Allan Poe Toggle navigation "Le masque de la mort rouge" Symboles, thèmes et motifs L'attaque la nuit dernière était "Le Masque de la Mort Rouge" La fille hier a cité "Annabel Lee". El ataque de anoche fue "La máscara de la muerte roja"... ...la chica, ayer citó "Annabel Lee". Je te l'ai dit. C'est encore 'Le Masque De La Mort Rouge', Dans "Le masque de la mort rouge", Poe utilise l'allégorie des actions de Prospero pour faire un point fort personne n'échappe à la mort. En "La máscara de la muerte roja", Poe utiliza la alegoría de las acciones de Prospero para hacer un punto fuerte nadie escapa a la muerte. "Le masque de la mort rouge" Organisateur graphique de vocabulaire Poe acquiert ainsi le plein contrôle et la propriété du Broadway Journal. Poe publie des versions révisées de nombre de ses œuvres, notamment le Masque de la Mort rouge ou le Portrait ovale. Poe publicó nuevas versiones de varios de sus obras, incluyendo "La máscara de la muerte roja", "El retrato oval", entre otros. LE MASQUE DE LA MORT ROUGE 1964 Le Masque de la mort rouge Vous emmener voir le masque de la mort. Dès le début du film, le visage du jeune Sergio/Riccardo Scamarcio porte déjà le masque de la mort. On y lit déjà des premiers signes de remord. Desde el inicio, la muerte se refleja en el rostro del joven Sergio/Riccardo Scamarcio. Existe un atisbo de remordimiento. Avec un storyboard, les étudiants peuvent suivre le symbolisme riche Poe utilise tout au long de "Le Masque de la Mort Rouge". Con un storyboard, los estudiantes pueden rastrear el rico simbolismo que utiliza Poe en "La Masque de la Muerte Roja". Instructions pour l'étudiant Créer un storyboard qui montre des exemples d'allégorie dans "Le masque de la mort rouge". Crear un guion gráfico que muestre ejemplos de alegoría en "La Masque de la Muerte Roja". "Le masque de la mort rouge" Diagramme Dark Tales Le Masque de la Mort Rouge par Edgar Allan Poe Aucun résultat pour cette recherche. Résultats 23. Exacts 23. Temps écoulé 67 ms. 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Le prince a privilégié les chevaliers et les dames de sa cour qui résolurent de se barricader contre les impulsions soudaines du désespoir extérieur et de fermer toute issue aux frénésies du dedans». Ce protectionnisme, opéré au détriment du peuple gardé à l'extérieur des murs de l'abbaye, semble être condamné par l'écrivain qui soutient le principe de l'égalité de tous les humains face à la mort. Nikolaï Tcherepnine 1873-1945 a écrit un ballet Le Masque de la Mort rouge, créé à Petrograd le 29 janvier 1916, comme Cyril Scott 1879-1970, compositeur anglais en écrit un en1932. André Caplet 1875-1925 compose en 1908 une Légende, Etude symphonique d'après Le Masque de la Mort rouge de Poë pour harpe ou Piano et Quatuor à cordes. Ce conte a connu trois adaptations cinématographiques. 1964 Le Masque de la Mort Rouge The Masque of the Red Death, de Roger Corman Vincent Price, Hazel Court, David Weston, Jane Asher, Patrick Magee, Nigel Green; 1989 Le Masque de la Mort Rouge Masque of the Red Death, de Larry Brand avec Adrian Paul Prospero et Patrick MacNee Machiavel; 2006 Le masque de la Mort Rouge de Jacques Donjean avec Philippe Volter et Sandrine Blancke et avec la participation d'André Dusssolier. Film de Jean Monset et Tim Le masque de la Mort rouge d'après Edgar Allan Poe» eBooks Dans le Masque de la Mort rouge, Edgar Poe sature jusqu'à Minuit le temps et l'espace des danseurs par le seul rythme des heures chaque fois plus pesamment sonnées, dans leur perception inquiète, par l'horloge d'ébène. Le retour régulier du Never More, d'ailleurs choisi de l'aveu même du poète pour sa vertu sonore plus que pour l'idée, instaure de façon analogue, une situation insolite superposée, comme souvent chez E. Poe, à un fantastique déjà en place.» Michel Guiomar, Principes d'une esthétique de la Mort, Paris, José Corti, 1988, p. 209 1 La Mort Rouge avait pendant longtemps dépeuplé la contrée. Jamais peste ne fut si fatale, si horrible. Son avatar, c'était le sang, la rougeur et la hideur du sang. C'étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l'être. Des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l'humanité, et lui fermaient tout secours et toute sympathie. L'invasion, le résultat de la maladie, tout cela était l'affaire d'une demi-heure. 2 Mais le prince Prospero était heureux, et intrépide, et sagace. Quand ses domaines furent à moitié dépeuplés, il convoqua un millier d'amis vigoureux et allègres de cœur, choisis parmi les chevaliers et les dames de sa cour, et se fit avec eux une retraite profonde dans une de ses abbayes fortifiées. C'était un vaste et magnifique bâtiment, une création du prince, d'un goût excentrique et cependant grandiose. Un mur épais et haut lui faisait une ceinture. Ce mur avait des portes de fer. Les courtisans, une fois entrés, se servirent de fourneaux et de solides marteaux pour souder les verrous. Ils résolurent de se barricader contre les impulsions soudaines du désespoir extérieur et de fermer toute issue aux frénésies du dedans. L'abbaye fut largement approvisionnée. Grâce à ces précautions, les courtisans pouvaient jeter le défi à la contagion. Le monde extérieur s'arrangerait comme il pourrait. En attendant, c'était folie de s'affliger ou de penser. Le prince avait pourvu à tous les moyens de plaisir. Il y avait des bouffons, il y avait des improvisateurs, des danseurs, des musiciens, il y avait le beau sous toutes ses formes, il y avait le vin. En dedans, il y avait toutes ces belles choses et la sécurité. Au-dehors, la Mort Rouge. 3 Ce fut vers la fin du cinquième ou sixième mois de sa retraite, et pendant que le fléau sévissait au-dehors avec le plus de rage, que le prince Prospero gratifia ses mille amis d'un bal masqué de la plus insolite magnificence. 4 Tableau voluptueux que cette mascarade! Mais d'abord laissez-moi vous décrire les salles où elle eut lieu. Il y en avait sept, une enfilade impériale. Dans beaucoup de palais, ces séries de salons forment de longues perspectives en ligne droite, quand les battants des portes sont rabattus sur les murs de chaque côté, de sorte que le regard s'enfonce jusqu'au bout sans obstacle. Ici, le cas était fort différent, comme on pouvait s'y attendre de la part du duc et de son goût très vif pour le bizarre. Les salles étaient si irrégulièrement disposées que l'œil n'en pouvait guère embrasser plus d'une à la fois. Au bout d'un espace de vingt à trente yards il y avait un brusque détour, et à chaque coude un nouvel aspect. A droite et à gauche, au milieu de chaque mur, une haute et étroite fenêtre gothique donnait sur un corridor fermé qui suivait les sinuosités de l'appartement. Chaque fenêtre était faite de verres colorés en harmonie avec le ton dominant dans les décorations de la salle sur laquelle elle s'ouvrait. Celle qui occupait l'extrémité orientale, par exemple, était tendue de bleu, et les fenêtres étaient d'un bleu profond. La seconde pièce était ornée et tendue de pourpre, et les carreaux étaient pourpres. La troisième, entièrement verte, et vertes les fenêtres. La quatrième, décorée d'orange, était éclairée par une fenêtre orangée, la cinquième, blanche, la sixième, violette. La septième salle était rigoureusement ensevelie de tentures de velours noir qui revêtaient tout le plafond et les murs, et retombaient en lourdes nappes sur un tapis de même étoffe et de même couleur. Mais, dans cette chambre seulement, la couleur des fenêtres ne correspondait pas à la décoration. Les carreaux étaient écarlates, d'une couleur intense de sang. Or, dans aucune des sept salles, à travers les ornements d'or éparpillés à profusion çà et là ou suspendus aux lambris, on ne voyait de lampe ni de candélabre. Ni lampes, ni bougies; aucune lumière de cette sorte dans cette longue suite de pièces. Mais, dans les corridors qui leur servaient de ceinture, juste en face de chaque fenêtre, se dressait un énorme trépied, avec un brasier éclatant, qui projetait ses rayons à travers les carreaux de couleur et illuminait la salle d'une manière éblouissante. Ainsi se produisait une multitude d'aspects chatoyants et fantastiques. Mais dans la chambre de l'ouest, la chambre noire, la lumière du brasier qui ruisselait sur les tentures noires à travers les carreaux sanglants était épouvantablement sinistre, et donnait aux physionomies des imprudents qui y entraient un aspect tellement étrange, que bien peu de danseurs se sentaient le courage de mettre les pieds dans son enceinte magique. 5 C'était aussi dans cette salle que s'élevait, contre le mur de l'ouest, une gigantesque horloge d'ébène. Son pendule se balançait avec un tic-tac sourd, lourd, monotone; et quand l'aiguille des minutes avait fait le circuit du cadran et que l'heure allait sonner, il s'élevait des poumons d'airain de la machine un son clair, éclatant, profond et excessivement musical, mais d'une note si particulière et d'une énergie telle, que d'heure en heure, les musiciens de l'orchestre étaient contraints d'interrompre un instant leurs accords pour écouter la musique de l'heure; les valseurs alors cessaient forcément leurs évolutions; un trouble momentané courait dans toute la joyeuse compagnie; et, tant que vibrait le carillon, on remarquait que les plus fous devenaient pâles, et que les plus âgés et les plus rassis passaient leurs mains sur leurs fronts, comme dans une méditation ou une rêverie délirante. Mais quand l'écho s'était tout à fait évanoui, une légère hilarité circulait, par toute l'assemblée; les musiciens s'entre-regardaient et souriaient de leurs nerfs et de leur folie, et se juraient tout bas, les uns aux autres, que la prochaine sonnerie ne produirait pas en eux la même émotion; et puis, après la fuite des soixante minutes qui comprennent les trois mille six cents secondes de l'heure disparue, arrivait une nouvelle sonnerie de la fatale horloge, et c'étaient le même trouble, le même frisson, les mêmes rêveries. 6 Mais en dépit de tout cela, c'était une joyeuse et magnifique orgie. Le goût du duc était tout particulier. Il avait un oeil sûr à l'endroit des couleurs et des effets. Il méprisait le décorum de la mode. Ses plans étaient téméraires et sauvages et ses conceptions brillaient d'une splendeur barbare. Il y a des gens qui l'auraient jugé fou. Ses courtisans sentaient bien qu'il ne l'était pas. Mais il fallait l'entendre, le voir, le toucher, pour être sûr qu'il ne l'était pas. 7 Il avait, à l'occasion de cette grande fête, présidé en grande partie à la décoration mobilière des sept salons, et c'était son goût personnel qui avait commandé le style des travestissements. A coup sûr, c'étaient des conceptions grotesques. C'était éblouissant, étincelant; il y avait du piquant et du fantastique, beaucoup de ce qu'on a vu depuis dans Hernani. Il y avait des figures vraiment grotesques, absurdement équipées, incongrûment bâties; des fantaisies monstrueuses comme la folie; il y avait du beau, du licencieux, du bizarre en quantité, tant soit peu de terrible, et du dégoûtant à foison. Bref, c'était comme une multitude de rêves qui se pavanaient çà et là dans les sept salons. Et ces rêves se contorsionnaient en tous sens, prenant la couleur des chambres, et l'on eût dit qu'ils exécutaient la musique avec leurs pieds, et que les airs étranges de l'orchestre étaient l'écho de leur pas. Et de temps en temps on entend sonner l'horloge d'ébène dans la salle de velours. Et alors, pour un moment, tout s'arrête, tout se tait, excepté la voix de l'horloge. Les rêves sont glacés, paralysés dans leurs postures. Mais les échos de la sonnerie s'évanouissent, ils n'ont duré qu'un instant, et à peine ont-ils fui, qu'une hilarité légère et mal contenue circule partout. Et la musique s'enfle de nouveau, et les rêves revivent, et ils se tordent çà et là plus joyeusement que jamais, reflétant la couleur des fenêtres à travers lesquelles ruisselle le rayonnement des trépieds. Mais dans la chambre qui est là-bas tout à l'ouest aucun masque n'ose maintenant s'aventurer; car la nuit avance, et une lumière plus rouge afflue à travers les carreaux couleur de sang, et la noirceur des draperies funèbres est effrayante; et à l'étourdi qui met le pied sur le tapis funèbre l'horloge d'ébène envoie un carillon plus lourd, plus solennellement énergique que celui qui frappe les oreilles des masques tourbillonnant dans l'insouciance lointaine des autres salles. 8 Quant à ces pièces-là, elles fourmillent de monde, et le cœur de la vie y battait fièvreusement. Et la fête tourbillonnait toujours, lorsque s'éleva enfin le son de minuit de l'horloge. Alors, comme je l'ai dit, la musique s'arrêta; le tournoiement des valseurs fut suspendu; il se fit partout, comme naguère, une anxieuse immobilité. Mais le timbre de l'horloge avait cette fois douze coups à sonner; aussi il se peut bien que plus de pensée se soit glissée dans les méditations de ceux qui pensaient parmi cette foule festoyante. Et ce fut peut-être aussi pour cela que plusieurs personnes parmi cette foule, avant que les derniers échos du dernier coup fussent noyés dans le silence, avaient eu le temps de s'apercevoir de la présence d'un masque qui jusque-là n'avait aucunement attiré l'attention. Et, la nouvelle de cette intrusion s'étant répandue en un chuchotement à la ronde, il s'éleva de toute l'assemblée un bourdonnement, puis, finalement de terreur, d'horreur et de dégoût. 9 Dans une réunion de fantômes telle que je l'ai décrite, il fallait sans doute une apparition bien extraordinaire pour causer une telle sensation. La licence carnavalesque de cette nuit était, il est vrai, à peu près illimitée; mais le personnage en question avait dépassé l'extravagance d'un Hérode, et franchi les bornes, cependant complaisantes, du décorum imposé par le prince. Il y a dans les cœurs des plus insouciants des cordes qui ne se laissent pas toucher sans émotion. Même chez les plus dépravés, chez ceux pour qui la vie et la mort sont également un jeu, il y a des choses avec lesquelles on ne peut pas jouer. Toute l'assemblée parut alors sentir profondément le mauvais goût et l'inconvenance de la conduite et du costume de l'étranger. Le personnage était grand et décharné, et enveloppé d'un suaire de la tête aux pieds. Le masque qui cachait le visage représentait si bien la physionomie d'un cadavre raidi, que l'analyse la plus minutieuse aurait difficilement découvert l'artifice. Et cependant, tous ces fous joyeux auraient peut-être supporté, sinon approuvé, cette laide plaisanterie. Mais le masque avait été jusqu'à adopter le type de la Mort Rouge. Son vêtement était barbouillé de sang, et son large front, ainsi que tous les traits de sa face, étaient aspergés de l'épouvantable écarlate. 10 Quand les yeux du prince Prospero tombèrent sur cette figure de spectre qui, d'un mouvement lent, solennel, emphatique, comme pour mieux soutenir son rôle, se promenait çà et là à travers les danseurs, on le vit d'abord convulsé par un violent frisson de terreur ou de dégoût; mais une seconde après, son front s'empourpra de rage. 11 —Qui ose, demanda-t-il, d'une voix enrouée, aux courtisans debout près de lui; qui ose nous insulter par cette ironie blasphématoire? Emparez-vous de lui, et démasquez-le; que nous sachions qui nous aurons à prendre aux créneaux, au lever du soleil! 12 C'était dans la chambre de l'est ou chambre bleue, que se trouvait le prince Prospero, quand il prononça ces paroles. Elles retentirent fortement et clairement à travers les sept salons, car le prince était un homme impétueux et robuste, et la musique s'était tue à un signe de sa main. 13 C'était dans la chambre bleue que se tenait le prince, avec un groupe de pâles courtisanes à ses côtés. D'abord, pendant qu'il parlait, il y eut parmi le groupe un léger mouvement en avant dans la direction de l'intrus, qui fut un instant presque à leur portée, et qui maintenant, d'un pas délibéré et majestueux, se rapprochait de plus en plus du prince. Mais par suite d'une certaine terreur indéfinissable que l'audace insensée du masque avait inspirée à toute la société, il ne se trouva personne pour lui mettre la main dessus; si bien que, ne trouvant aucun obstacle, il passa à deux pas de la personne du prince; et, pendant que l'immense assemblée, comme obéissant à un seul mouvement, reculait du centre de la salle vers les murs, il continua sa route sans interruption, de ce même pas solennel et mesuré qui l'avait tout d'abord caractérisé, de la chambre bleue à la chambre pourpre, de la chambre pourpre à la chambre verte, de la verte à l'orange, de celle-ci à la blanche, et de celle-là à la violette, avant qu'on eût fait un mouvement décisif pour l'arrêter. Ce fut alors, toutefois, que le prince Prospero, exaspéré par la rage et la honte de sa lâcheté d'une minute, s'élança précipitamment à travers les six chambres, où nul ne le suivit; car une terreur mortelle s'était emparée de tout le monde. Il brandissait un poignard nu, et s'était approché impétueusement à une distance de trois ou quatre pieds du fantôme qui battait en retraite, quand ce dernier, arrivé à l'extrémité de la salle de velours, se retourna brusquement et fit face à celui qui le poursuivait. Un cri aigu partit, et le poignard glissa avec un éclair sur le tapis funèbre où le prince Prospero tombait mort une seconde après. Alors, invoquant le courage violent du désespoir, une foule de masques se précipita à la fois dans la chambre noire; et, saisissant l'inconnu, qui se tenait, comme une grande statue, droit et immobile dans l'ombre de l'horloge d'ébène, ils se sentirent suffoqués par une terreur sans nom, en voyant que sous le linceul et le masque cadavéreux, qu'ils avaient empoigné avec une si violente énergie, ne logeait aucune forme humaine. 14 On reconnut alors la présence de la Mort rouge. Elle était venue comme un voleur de nuit. Et tous les convives tombèrent un à un dans les salles de l'orgie inondées d'une rose sanglante, et chacun mourut dans la posture désespérée de sa chute. Et la vie de l'horloge d'ébène disparut avec celle du dernier de ces êtres joyeux. Et les flammes des trépieds expirèrent. Et les Ténèbres, et la Ruine, et la Mort rouge établirent sur toutes choses leur empire illimité. Traduction de Charles Baudelaire Commentaires René Dubois, The Masque of the Red Death» une allégorie esthétique à la rencontre des eschatologies poesque et orientale», Les Cahiers de la nouvelle, 37, Automne 2001. Texte intégral Illustrationde Harry Clarke en 1919. Le Masque de la mort rouge ( The Masque of the Red Death) est une nouvelle d' Edgar Allan Poe publiée pour la première fois en mai 1842 dans le Graham's Lady's and Gentleman's Magazine sous le titre The Mask of the Red Death, avec le sous-titre A Fantasy. Une version révisée est parue le 19 juillet 1845
Accueil > Fantastique > Le masque de la mort rouge et autres histoires extraordinaires Infos détaillées Résumé Acheter Le masque de la mort rouge et autres histoires extraordinaires de Edgar Allan Poe d'occasion. chez Milan Genre Fantastique Série Frissons 144 pages Paru en 2000 dans cette collection EAN 9782841139910 Dans ce recueil de nouvelles fantastiques des plus inquiétantes, Edgar Poe entretient un diabolique mélange d’horreur et de passion. Source Milan Le masque de la mort rouge et autres histoires extraordinaires Sleeve High Neck Bodycon Dress Voir toutes les variantes 123 Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Nam fringilla augue nec est tristique auctor. Donec non est at libero.
Retrouvezle film "Le Masque de la mort rouge" realisé par Roger Corman avec Vincent Price en DVD. Présentation du film par Alain Schlokoff Documentaire : Roger Corman et Description "La Mort Rouge avait pendant longtemps dépeuplé la contrée. Jamais peste ne fut si fatale, si horrible. Son avatar, c'était le sang, la rougeur et la hideur du sang. C'étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l'être. Des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l'humanité, et lui fermaient tout secours et toute sympathie. L'invasion, le résultat de la maladie, tout cela était l'affaire d'une demi-heure." C'est ici dans la fête, la farce et la mascarade qu'Edgar Allan Poe fait naître ses histoires. Et quand arrive le moment, la plaisanterie devient terriblement macabre. Le comédien Serge Djen se sert de tout son art pour nous conter ces trois histoires extraordinaires. L'auteur Né à Boston en 1809, Edgar Poe, orphelin de comédiens pauvres, est recueilli à 3 ans par un riche négociant en tabac. Il connaît une vie instable marquée par la misère, la mort des femmes qu'il aime et l'alcool. "Ma terreur ne vient pas de l'Allemagne, disait-il, mais du fond de mon âme". Génial maître du fantastique et de l'épouvante, notamment avec ses Histoires extraordinaires, révélé par Baudelaire qui le traduisit, il suscita en France un véritable culte. "L'inventeur des combinaisons les plus neuves et les plus séduisantes de la logique avec l'imagination, de la mysticité avec le calcul, le psychologue de l'exception, l'ingénieur littéraire" dira de lui Paul Valéry. Il meurt à Baltimore en 1849. P Des Oreilles Pour Lire, 2008
Résuméde Le masque de la mort rouge et autres histoires extraordinaires Une épidémie de peste ravage une contrée mystérieuse. Pour échapper au fléau, le prince s'enferme dans son château avec sa cour, et continue de mener une vie de plaisirs et de fêtes. Mais nul ne peut se dérober durablement à la Mort Rouge. Chacune des Histoires
Poe, Lorrain et le spectre de la variole Catriona Seth Résumé L’article tente de montrer, à partir d’une célèbre nouvelle de Poe, comment Jean Lorrain réinvestit un topos littéraire bien connu pour le renouveler. Dans La Vengeance du masque, l’auteur normand se sert du déguisement carnavalesque pour montrer une mort qui arrive de manière subreptice, comme une subtile vengeance sans appel. Avec la figure de l’étranger qui contamine de la petite vérole, il se situe dans la représentation de hantises qui n’ont pas disparu de nos jours. Taking a famous short story by Poe as its starting point, the article attempts to show how Jean Lorrain renews a well-known literary topos. In La Vengeance du masque, the Normand author uses carnival disguises to show death arriving surreptitiously like a subtle and unavoidable vengeance. With the figure of a stranger who communicates smallpox, he takes his place in a tradition of the representation of fears which still have currency nowadays. Texte intégral 1 Pierre Fauchery, La Destinée féminine dans le roman européen du XVIIIe siècle 1713-1807. Essai de ... La petite vérole […] est une affection de grande utilité – et de grande tradition – romanesque. Et l’on serait presque tenté de plaindre les romanciers de l’âge futur, que la généralisation du vaccin allait priver d’une ressource aussi assurée. Cette infortune est une des voies royales du destin1. 2 Rappelons que petite vérole » et variole » désignent la même maladie, le premier terme étant p ... 3 Toutes nos citations du Masque de la mort rouge proviennent de la traduction par Baudelaire Edga ... 4 La mort rouge telle que la décrit Poe semble être une sorte de peste sanglante. La variole est par ... 5 Voir en particulier ses Histoires de masques ou un chapitre de Phocas. 1Pierre Fauchery, dans son ouvrage sur La destinée féminine au XVIIIe siècle, est l’auteur de ces quelques lignes plaisantes et érudites. Ne lui en déplaise, l’arrivée du vaccin, dans la foulée des travaux de Jenner, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, ne suffit pas à mettre un terme à des contagions littéraires et la variole est restée un thème très riche pour les romanciers et nouvellistes2. Poe se souvient de l’horreur inspirée par l’apparence des malades lorsqu’il imagine une épidémie terrible qui fait le fonds du Masque de la mort rouge3. Le prince Prospero s’y barricade dans un palais magnifique avec ses courtisans pour échapper à la pandémie. La Mort rouge4 frappe lors d’un bal masqué. Chez Jean Lorrain, grand amateur de masques, auxquels il consacre plusieurs écrits5, La vengeance du masque réinvestit le thème de la variole. Je souhaiterais, en croisant ces nouvelles, examiner les différents éléments topiques de l’imaginaire de la variole tels qu’ils sont utilisés par les deux écrivains et renouvelés par Lorrain. 6 Jean Lorrain, La Vengeance du masque, Le Crime des riches, Paris, Pierre Douville, 1905, p. 211-22 ... 2Observons tout d’abord quelques faits autour de La vengeance du masque. Le texte figure au sein du Crime des riches et le titre du recueil pourrait également s’appliquer à la nouvelle. Rappelons de quoi il s’agit. Maxence de Mergy raconte à des amis une histoire de masques qui s’est déroulée dans le décor le plus gai et le plus banal, le plus remuant et le plus ensoleillé qui soit au monde ; dans la ville même de la folie et de l’opéra bouffe en plein carnaval de Nice »6. L’année précédente, le narrateur a suivi, parmi la foule, M. et Mme Campalou, des commerçants enrichis qui ont fait fortune dans la passementerie, et qui sont descendus dans le même hôtel que lui. Il les décrit ainsi 7 Ibid., p. 215. […] un ménage toulousain et pas tout jeune ; car madame frisait bien la quarantaine, bonne grosse commère réjouie avec, sur la lèvre, un soupçon de moustache, l’œil vif, le cortège en bastion, une vraie délurée de Toulouse venue exprès pour les fêtes, et qui n’entendait pas chômer à ce carnaval. Le mari, guère plus âgé, avec un beau profil classique un peu empâté par la vie de province, quoique encore solide et l’air d’un luron, était d’aspect plus calme7. 8 Ibid., p. 218. 3Enchantée de l’ambiance, Eudoxie Campalou, charmante par son entrain et son exubérance », a prévenu qu’elle ne supporterait pas d’être l’objet des attouchements de quelque fêtard déluré. Or cela ne manque pas d’arriver, ce qui déclenche la furie de la dame à l’encontre de son agresseur – Cochon, salop ! hurlait-elle, depuis une heure que vous me pelotez ! »8 Elle tente alors d’arracher le masque d’un grand domino de satin noir et y arrive enfin L’homme démasqué avait poussé un effroyable cri. Le treillage de fer, en se déchirant, lui avait labouré le visage. Une rigole rouge coulait de l’œil gauche ; le nez, le front n’étaient qu’une éraflure, l’homme avait toute la face en sang. 9 Moi, la vision m’obsédait de cet homme défiguré et sanglant. Sa dernière recommandation à son co ... 4L’homme est un Américain. Mergy apprend qu’on craint pour son œil gauche9. 5On observe que le point de non-retour est celui lors duquel le masque est arraché à l’inconnu. Mergy avait rappelé à son auditoire qu’il s’agissait là d’une transgression inacceptable car le carnaval a ses règles. Malheur à celui – ou à celle – qui les oublie 10 Ibid., p. 213-214. Par une convention tacite et acceptée de tous le masque seul est respecté ce jour-là. Sous aucun prétexte on n’a le droit de l’enlever au domino ou au clown qui vous attaque et vous houspille. C’est ce masque inviolable et préservateur qui fait la gaieté de la rue, les jours de corso10. 6Chez Poe, le prince Prospero a souhaité voir ses convives masqués mais, apercevant dans son palais un inconnu travesti en mort, il commence par exiger qu’on lui enlève son déguisement Emparez-vous de lui, et démasquez-le. » Là encore, une convention semble avoir été bafouée. On découvrira que sous le linceul et le masque cadavéreux […] ne logeait aucune forme humaine. » 11 Ibid., p. 221. 7Une année après l’altercation entre Eudoxie et l’inconnu devant la pharmacie de l’avenue de la Gare, Mergy retrouve le ménage Campalou. L’épouse paraît moins enthousiasmée que lors du précédent carnaval. Son entrain a disparu et, surtout, les bruits d’épidémie, qu’une presse malveillante s’obstinait à faire courir sur Nice, ne laissaient pas d’inquiéter la grosse dame. […] Eudoxie Campalou craignait pour son joli physique. »11 Une famille américaine – et étant donnée la nationalité de l’indiscret qui avait peloté » la Toulousaine l’année d’avant, il n’est pas surprenant que la famille soit originaire du nouveau monde – vient de quitter l’hôtel. Le soir même, deux autres Américains y descendent 12 Ibid., p. 221. On leur donnait justement deux chambres voisines de celles des Campalou. C’étaient deux grands jeunes gens de vingt-cinq à trente ans, à la face rasée et singulièrement énergique ; des traits accusés et modelés dans le genre de ceux d’Iwing, l’acteur anglais. Tous deux très graves et très froids, avec, chez le plus jeune, une étrange fixité des yeux. D’ailleurs, nous ne les vîmes pas longtemps car, trois jours après leur arrivée, le plus jeune tombait malade. Il s’alitait et bientôt l’autre cessa de prendre ses repas à la table d’hôte l’état de son ami empirait. C’étaient de perpétuelles allées et venues de médecins et de garçons de pharmacie le maître de l’hôtel interrogé répondait que c’était une fièvre, mais à son air embarrassé, Mme Campalou ne douta plus que ce ne fût la variole12. 13 Ibid. 8Où fuir, si c’était le cas ? Aucune chambre n’est libre dans la ville en période de carnaval. Et puis l’épidémie était partout ; c’était ces sacrés Anglais qui l’avaient apportée »13. Il est de tradition d’incriminer un étranger lorsque frappe une pandémie. Le marin débarqué, le voyageur de commerce, le touriste, apportant l’infection dans une ville, sont à l’image du germe étranger s’infiltrant dans le corps. Le mal vient d’ailleurs. Anglais ou Américains deviennent les porteurs d’une corruption invisible. 14 Chez Lorrain, qui donne un cadre réaliste, celui de cette Côte d’Azur qui lui était si chère, l’ho ... 9On n’échappe pas à la petite vérole, les deux écrivains l’assurent14. Le prince Prospero a beau avoir construit une forteresse imprenable, rien n’y fera C’était un vaste et magnifique bâtiment, une création du prince, d’un goût excentrique et cependant grandiose. Un mur épais et haut lui faisait une ceinture. Ce mur avait des portes de fer. Les courtisans, une fois entrés, se servirent de fourneaux et de solides marteaux pour souder les verrous. Ils résolurent de se barricader contre les impulsions soudaines du désespoir extérieur et de fermer toute issue aux frénésies du dedans. L’abbaye fut largement approvisionnée. Grâce à ces précautions, les courtisans pouvaient jeter le défi à la contagion. Le monde extérieur s’arrangerait comme il pourrait. En attendant, c’était folie de s’affliger ou de penser. Le prince avait pourvu à tous les moyens de plaisir. Il y avait des bouffons, il y avait des improvisateurs, des danseurs, des musiciens, il y avait le beau sous toutes ses formes, il y avait le vin. En dedans, il y avait toutes ces belles choses et la sécurité. Au-dehors, la Mort rouge. 15 Lorrain, La Vengeance du masque, p. 222. 10Dans Nice contaminée, la maladie du jeune homme n’est peut-être pas celle que l’on croit. Le nom même de variole désigne, étymologiquement, la variété. Elle a des formes multiples et l’on peine parfois à la distinguer d’autres pathologies semblables comme la rougeole. Surtout, elle partage traditionnellement son nom avec un mal moins grave mais plus honteux. À la petite vérole ou variole répond sa grande sœur, la vérole tout court ou la grosse ou grande vérole la syphilis. Lorsque Louis xv meurt, en 1774, de la petite vérole, un bon mot court dans les salons parisiens Il n’est rien de petit chez les rois. La même idée est reprise par Lorrain. La nature de la fièvre du jeune homme inquiète Eudoxie Campalou qui interroge l’hôtelier ne serait-ce pas la petite vérole ? – Non, c’est l’autre… » La réponse clou [e] le bec à la dame de Toulouse »15 et la rassure du même coup. La fête peut continuer. 16 Ibid., p. 220. 11Les univers de nos deux écrivains semblent marqués par une insouciance criminelle. La mort rôde alentour. Le prince Prospero organise son bal pendant que le fléau sévissait au-dehors avec le plus de rage ». Chez Lorrain, les Histoires de masques sont souvent l’occasion de mettre en scène des jalousies, des crimes, des assassinats. Dans la nouvelle qui nous intéresse, au moment du carnaval, les bruits d’épidémie font fuir les touristes C’étaient tous les jours des départs d’hiverneurs pour le Caire ou l’Italie. La saison était menacée. »16 Une angoisse sourde étreint la dame toulousaine. Chez l’auteur américain, le temps – emblématisé par la pendule qui sonne les heures – introduit un malaise chez les danseurs et les membres de l’orchestre, convertissant leur sentiment de bonheur en une hilarité légère et mal contenue », un peu comme chez Lorrain où la conscience d’une épidémie paraît hanter l’environnement. 17 Je souligne. 12Malgré ce climat délétère, les masques s’en donnent à cœur joie. Dans le palais du prince, marqué par une licence carnavalesque »17, les déguisements sont surprenants et bigarrés Il y avait des figures vraiment grotesques, absurdement équipées, incongrûment bâties ; des fantaisies monstrueuses comme la folie ; il y avait du beau, du licencieux, du bizarre en quantité, tant soit peu de terrible, et du dégoûtant à foison. Bref, c’était comme une multitude de rêves qui se pavanaient çà et là dans les sept salons. 18 Lorrain, La Vengeance du masque, p. 221. 13À Nice, Mergy et ses amis toulousains rejoignent les foules harnachés de dominos et affublés de masques de combat »18 au milieu d’une bataille de confetti. Le narrateur a rappelé à ses auditeurs, au début de l’histoire, ce qu’est le climat particulier de cette période de fête 19 Ibid., p. 212. Vous connaissez tous, n’est-ce pas, le carnaval de la Riviera ? Trois jours entiers, la joie de sauter et de se déhancher tient tous les quartiers. Nice est une ville de possédés ; une folie de mascarade est déchaînée du Vieux-Port aux Baumettes. C’est un cauchemar de farandoles et de carmagnoles, un hourivari de bonds, d’entrechats, de pirouettes et de cris. Il y a des rondes d’alpins et d’artilleurs de forteresse, pêle-mêle avec des pierrots de satinette, des clowns de percale rose et des dominos de serge verte19. 20 Ibid., p. 222. 21 Lawrence Durrell, Mountolive, Le Quatuor d’Alexandrie, Paris, Librairie générale française, La Po ... 14Sur le lieu même où, l’année précédente, elle a été victime d’attouchements et s’est vengée en arrachant le masque de son agresseur, Mme Campalou aura à subir un nouvel affront. Aux deux masques noirs du carnaval antérieur ont succédé deux pénitents rouges ». Ils ont la couleur de la variole. L’un d’entre eux palpe la Toulousaine d’une main indiscrète ». Effarée la femme voit l’un des deux pénitents se démasquer Une face purulente, toute de croûtes et de sanies, avec à la place de l’œil, un trou rouge et saigneux, se penchait sur elle. »20 La description rappelle celle de nombreux malades de la petite vérole, le visage éraillé, un œil perdu, les traits déformés au point d’être devenus méconnaissables à eux-mêmes. Un personnage fictif du XXe siècle, victime de la variole, la Léila de Lawrence Durrell, décrit ainsi l’étrange expérience de voir son propre visage criblé de petits cratères, ses traits boursouflés – comme un paysage familier ravagé par une explosion »21. L’abbé Roman, quant à lui, auteur, en 1773, d’un poème de quatre chants en alexandrins sur L’inoculation, dédié à l’impératrice de toutes les Russies, brosse un tableau des traces cutanées de la variole 22 [Jean-Joseph-Thérèse Roman], L’Inoculation, poème en quatre chants par M. L. R., Paris, Lacombe, 1 ... Mais déjà sur la peau le mal s’ouvre un passage,D’innombrables boutons aplatis, entassés,De leur masque hideux couvrent un beau l’épiderme enflé, réunis et pressés,Ils forment une écaille et luisante et blanchâtre,Qui se brise bientôt et change de couleur ;Enfin le masque tombe, ô surprise ! ô douleur !Est-ce donc là ce teint d’incarnat et d’albâtre,Cette bouche de rose et ce regard vainqueur ?Je ne vois qu’une peau sillonnée et rougeâtre,Que des yeux éraillés dont le regard fait peur22. 15Marqué par de tels stigmates, l’homme au visage déformé, affreuse vision en plein carnaval, remet dans la main d’Eudoxie Campalou un œil de verre et lui dit La petite vérole noire, madame, la variole en personne. Vous l’avez. » L’œil en verre rappelle celui qui manque à l’homme mystérieux et semble être un don par anticipation, avertissant la destinatrice qu’elle risque elle-même les pires effets de la maladie, la variole entraînant souvent, parmi ses effets, la perte d’un œil. Par ailleurs, le propos de l’inconnu est ambigu. Il avertit MmeCampalou de sa contamination mais les termes choisis font qu’il devient lui-même non seulement métonymie de la contagion, mais encore personnification du mal. Cet homme s’est présenté en pénitent rouge mais représente la variole purulente et noire aux plaies non encore cicatrisées. Il me semble être le double inversé du masque qui s’introduit, chez Poe, dans le château du prince. Le futur assassin est décrit ainsi par l’auteur américain Le personnage en question avait dépassé l’extravagance d’un Hérode, et franchi les bornes, cependant complaisantes, du décorum imposé par le prince. Il y a dans les cœurs des plus insouciants des cordes qui ne se laissent pas toucher sans émotion. Même chez les plus dépravés, chez ceux pour qui la vie et la mort sont également un jeu, il y a des choses avec lesquelles on ne peut pas jouer. […] Le personnage était grand et décharné, et enveloppé d’un suaire de la tête aux pieds. Le masque qui cachait le visage représentait si bien la physionomie d’un cadavre raidi, que l’analyse la plus minutieuse aurait difficilement découvert l’artifice. Et cependant, tous ces fous joyeux auraient peut-être supporté, sinon approuvé, cette laide plaisanterie. Mais le masque avait été jusqu’à adopter le type de la Mort rouge. Son vêtement était barbouillé de sang, et son large front, ainsi que tous les traits de sa face, étaient aspergés de l’épouvantable écarlate. 23 Lorrain, La Vengeance du masque, p. 223. 16Chez Lorrain, Le pénitent rouge découvre son vrai visage et tue presque sur-le-champ Mme Campalou s’effondrait comme une masse ; à son tour on la portait chez le pharmacien » – celui-là même qui avait prodigué les premiers secours au domino à l’œil éraillé une année plus tôt. L’ancienne commerçante mourut le soir même, sans avoir repris connaissance, stupide et muette, d’une congestion au cerveau ».23 De la même façon, le seigneur du Masque de la mort rouge périt instantanément. À la suite du prince Prospero, ses invités périssent tous les convives tombèrent un à un dans les salles de l’orgie inondées d’une rose sanglante, et chacun mourut dans la posture désespérée de sa chute. » La mort foudroyante n’est pas due directement à la pathologie dans le sens où nous n’assistons pas aux différents stades de l’évolution de la maladie. Il n’empêche que Prospero et Eudoxie sont tous les deux victimes de la petite vérole. La Mort rouge de Poe est un spectre et son déguisement apparent ne cache aucune forme humaine. Lorsque l’on enquête, chez Lorrain, sur les deux jeunes Américains, on trouve leurs valises ; les noms sous lesquels ils se sont inscrits ne sont pas les leurs. 17Le masque est costume mais aussi absence d’identité, d’état-civil, plus encore que volonté de feindre. Les individus deviennent la maladie pour mieux achever leurs victimes. L’on pourrait appliquer aux deux histoires le propos de Maxime de Mergy à la fin de sa narration N’est-ce pas une belle vengeance de masque ? » Chez Lorrain, la petite vérole est celle qui s’est dissimulée, la maladie invisible qui circulait dans la foule sous l’apparence d’un pénitent. Chez Poe, au contraire, la petite vérole devient déguisement sous lequel ne rôde que la Mort. La fête se mue en danse macabre. 18Dans les deux cas, la vengeance est un plat qui se mange froid. La petite vérole noire frappe la Toulousaine un an après l’agression de l’avenue de la Gare. La Mort Rouge s’insinue dans les salons du prince vers la fin du cinquième ou sixième mois de sa retraite. » Le palais du seigneur est la conversion de l’une de ses abbayes fortifiées ». Les agresseurs d’Eudoxie Campalou sont déguisés en pénitents rouges. Chez Poe, la mort s’abat au milieu d’un bal masqué de la plus insolite magnificence » dans une pièce marquée à ses couleurs les murs, rideaux et tapis sont noirs, les carreaux écarlates. Seule des sept qui s’enchaînent en enfilade, la salle rouge et noire du palais du prince Prospero est marquée par le temps et lorsque l’heure sonne, elle paralyse les musiciens et arrête les valseurs. 19Le lien entre petite vérole et masque est souvent mis en évidence dans la littérature. On semble vouloir conjurer le mal en cachant ses traits sous un loup de satin ou un échafaudage de papier mâché. Si la maladie frappe, on risque de se voir affubler, à vie, de ce qui paraît être un masque déformant. Du symbole de la fête et de l’oubli de la mortalité, les deux auteurs font un emblème au mieux d’équivoque, au pire d’une perversité macabre. 24 24 février 1765. Isabelle de Charrière, Une liaison dangereuse correspondance avec Constant d’He ... 25 On ne m’en voudra pas de citer une comparaison proposée par Flaubert et ses amis entre le visage d ... 26 Lorrain, La Vengeance du masque, p. 212. 20Vers la fin du XVIIIe siècle, Constant d’Hermenches écrit à Isabelle de Zuylen, la future Mme de Charrière, que la marquise de Ségur, âgée de trente ans et mère de deux enfants, est plongée dans les horreurs d’une affreuse petite vérole. » Huit jours plus tôt, rapporte-t-il, nous étions dans les délices d’un bal masqué dont elle faisait l’ornement et le charme, et peut-être n’allons-nous plus voir qu’un cadavre ou qu’un monstre »24. L’inversion tragique fait qu’un masque déformant pourrait altérer à jamais les jolis traits de la marquise cachés une semaine plus tôt sous un loup. Les flétrissures de la variole déshumanisent25 et rendent méconnaissable. Le lien trouble entre déguisement et maladie s’esquisse chez Constant d’Hermenches comme chez les auteurs de fiction. La marquise de Ségur paraît avoir été frappée lors d’une soirée mondaine. C’est ce que laisse croire le raccourci de l’épistolier. Lorrain, quant à lui, semble conscient de choisir un lieu inhabituel pour le dénouement de sa tragédie. Maxime de Mergy répond aux ricanements de Jacques Baudran, son seul auditeur nommé Oh ! ce n’est pas une intrigue de bal masqué, c’est une aventure de plein air ! »26 En effet, elle se déroule, on l’a vu, sous le soleil du carnaval niçois. En cela, en effet, la nouvelle de Lorrain renouvelle la tradition tout en gardant le topos du déguisement et en plaçant la contamination d’Eudoxie Campalou au printemps, l’un des moments où les épidémies sont au plus fort. 21Il convient peut-être de réfléchir aux raisons du succès d’un tel thème. Dans les discours des spécialistes comme du commun des mortels revient l’idée que la contagion invisible devrait pouvoir être matérialisée. Or le malade de la petite vérole est en incubation avant même que son physique l’indique. Au-delà, l’aspect de l’individu atteint de la variole effraie. Certains craignent la simple vue des varioleux qui serait suffisante, pensent-ils, pour infecter immédiatement le spectateur. Nous retrouvons les anciennes superstitions auxquelles la peste a donné naissance. Sous l’Ancien Régime, les bals masqués sont de hauts lieux de contagion. Le comte de Cheverny évoque les réticences de son épouse 27 Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, Mémoires du comte Dufort de Cheverny introducteur des ambassadeur ... Ma femme allait avec répugnance dans les lieux publics ou s’en privait. La vue d’une personne encore rouge de cette maladie [la petite vérole] la troublait singulièrement, et les automnes et les printemps étaient des moments de deuil pour elle, à cause de la mort subite de plusieurs personnes mourant de cette maladie27. 28 De Saint, Lettre à M.*** contre l’inoculation, qui combat le Mémoire historique de M. de la Condam ... 22Les traits bouffis des anciens malades, les traces des boutons, inspirent l’effroi et pourraient déclencher des réactions extrêmes si nous en croyons certains écrivains. Pour le mystérieux de Saint, auteur, au milieu du XVIIIe siècle, d’un ouvrage contre l’inoculation, la méthode prophylactique antérieure à la vaccination et par laquelle l’on communiquait la maladie même au patient, si dans le temps que l’épidémie règne, on présentait à une personne dont le sang serait disposé à recevoir ce venin et le manifester, un homme factice, dont le visage aurait l’apparence d’être plein de boutons virulents », l’effet serait certain l’effroi, sans doute, que lui causerait ce spectacle hideux, ferait, qu’en frémissant d’horreur et de crainte, une attraction virulente concentrerait en elle l’esprit venimeux répandu dans l’air ; ce qui lui causerait la petite vérole. »28 Nous ne sommes pas loin des créatures mythologiques, comme le basilic ou la méduse, qui pouvaient tuer d’un seul regard. Poe et Lorrain – dont on peut rappeler qu’il signe du pseudonyme Le Cadavre des articles presque contemporains de la publication du Crime des riches – revisitent un thème romanesque et offrent, l’un comme l’autre, une exploration individuelle d’un thème qui plonge ses racines au plus profond de l’imaginaire humain. Ils nous rappellent ainsi, par leurs nouvelles, la fragilité de la vie humaine face à des épidémies sur lesquelles nous pourrions, de nos jours, mettre d’autres noms pour exprimer les mêmes angoisses. Notes 1 Pierre Fauchery, La Destinée féminine dans le roman européen du XVIIIe siècle 1713-1807. Essai de gynécomythie romanesque, Paris, Colin, 1972, p. 201. 2 Rappelons que petite vérole » et variole » désignent la même maladie, le premier terme étant plus habituel à l’époque classique. 3 Toutes nos citations du Masque de la mort rouge proviennent de la traduction par Baudelaire Edgar A. Poe, Œuvres en prose, texte établi et annoté par Le Dantec, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade », 1951, p. 392-398. 4 La mort rouge telle que la décrit Poe semble être une sorte de peste sanglante. La variole est parfois désignée sous le vocable de Mort rouge. Le nouvelliste américain est moins intéressé par la nature même de la maladie qu’il évoque que par ses effets dont bon nombre sont empruntés aux discours sur la petite vérole. 5 Voir en particulier ses Histoires de masques ou un chapitre de Phocas. 6 Jean Lorrain, La Vengeance du masque, Le Crime des riches, Paris, Pierre Douville, 1905, p. 211-223, ici p. 211. 7 Ibid., p. 215. 8 Ibid., p. 218. 9 Moi, la vision m’obsédait de cet homme défiguré et sanglant. Sa dernière recommandation à son compagnon m’inquiétait surtout. Dans la soirée, l’effervescence de la fête un peu calmée, j’entrais dans la pharmacie où les premiers soins avaient été donnés au blessé. Je m’informais de la gravité des plaies et cherchais en même temps à savoir le nom. “C’est un Américain de l’hôtel West End. On a dû attendre la fin du corso pour le reconduire chez lui, le cas est très grave, on craint beaucoup pour l’œil gauche. La sclérotique est atteinte ; ils repartent tous les deux, ce soir, pour Paris. – Tous les deux ? – Oui, il y a un autre Américain avec lui. Une consultation chez un grand oculiste s’impose.” », ibid., p. 219-220. 10 Ibid., p. 213-214. 11 Ibid., p. 221. 12 Ibid., p. 221. 13 Ibid. 14 Chez Lorrain, qui donne un cadre réaliste, celui de cette Côte d’Azur qui lui était si chère, l’homme attaqué par Mme Campalou râle, déformé par la douleur Le nom, l’adresse de cette femme, […] laissez-moi, Tomy, attachez-vous à ces gens » dit-il à son compagnon. 15 Lorrain, La Vengeance du masque, p. 222. 16 Ibid., p. 220. 17 Je souligne. 18 Lorrain, La Vengeance du masque, p. 221. 19 Ibid., p. 212. 20 Ibid., p. 222. 21 Lawrence Durrell, Mountolive, Le Quatuor d’Alexandrie, Paris, Librairie générale française, La Pochothèque, 1992, p. 494. 22 [Jean-Joseph-Thérèse Roman], L’Inoculation, poème en quatre chants par M. L. R., Paris, Lacombe, 1773, p. 14. 23 Lorrain, La Vengeance du masque, p. 223. 24 24 février 1765. Isabelle de Charrière, Une liaison dangereuse correspondance avec Constant d’Hermenches 1760-1776, Paris, éditions La Différence, 1991, p. 269. 25 On ne m’en voudra pas de citer une comparaison proposée par Flaubert et ses amis entre le visage déformé et une écumoire De la vierge, par lui [le mal], j’ai vu le doux visage/Horrible désormais, nous présenter l’image / De ce meuble vulgaire, en mille endroits percé / Dont se sert la matrone, en son zèle empressé / Quand aux bords onctueux de l’argile écumante, / Frémit le suc des chairs, en mousse bouillonnante », Louis Bouilhet, Maxime Du Camp et Gustave Flaubert, La Découverte de la vaccine. Tragédie en cinq actes et en vers, dans Gustave Flaubert, Œuvres complètes, Paris, Club de l’Honnête Homme, 1972, t. VII, p. 380. 26 Lorrain, La Vengeance du masque, p. 212. 27 Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, Mémoires du comte Dufort de Cheverny introducteur des ambassadeurs lieutenant général du blaisois, introduction et notes par Robert de Crèvecœur, 4e édition, Paris, Plon, 1909, p. 290. Cheverny ajoute que lors de l’inoculation de son fils, il n’a gardé auprès de lui que les domestiques qui avaient eu la maladie Le premier devoir étant de ne faire courir aucun risque à ceux qui vous entourent. » 28 De Saint, Lettre à M.*** contre l’inoculation, qui combat le Mémoire historique de M. de la Condamine, lu à l’Académie royale des sciences, sur l’insertion de la petite vérole, dans laquelle sont insérés des principes pour la connoissance et guérison de cette maladie, Paris, Valleyre fils, 1763, p. 80-81. Le catalogue de la BnF ne donne ni prénom ni dates pour cet auteur. Auteur Membre associée du CÉRÉDIProfesseur de littérature française du XVIIIe siècle à l’université de Nancy. Elle est l’auteur de nombreuses publications sur la poésie et le roman des Lumières Anthologie de la poésie française, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade », 2000 – en collaboration ; André Chénier. Le miracle du siècle, Paris, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2005, etc.. Également spécialiste de l’histoire des idées, elle a beaucoup travaillé sur l’inoculation et son imaginaire. Elle a dirigé plusieurs ouvrages collectifs dont Destins romanesques de l’émigration Paris, Desjonquères, 2007 – avec Claire Jaquier et Florence Lotterie. Son volume intitulé Marie-Antoinette. Anthologie et dictionnaire a paru aux éditions Robert Laffont, dans la collection Bouquins », en 2006. Du même auteur De l’éducation des princesses in Femmes éducatrices au siècle des Lumières, Presses universitaires de Rennes, 2007 La plume ou l’épée. Réflexions sur quelques mémorialistes in Les noblesses françaises dans l'Europe de la Révolution, Presses universitaires de Rennes, 2010 Ginguené et Parny in Ginguené 1748-1816, Presses universitaires de Rennes, 1995 Tous les textes LeMasque de la mort rouge (Edgar Allan Poe's Masque of the Red Death) est un film d'horreur américain sorti en 1989, adapté de la nouvelle d'Edgar Allan Poe, écrit par Daryl Haney et réalisé par Larry Brand.. Synopsis. Au XII e siècle, l'apparition du cavalier Machiavel est accompagné d'une peste mortelle. La population rurale est désœuvrée et tente d'échapper à l'anéantissement.
Le masque de la mort rouged’après la nouvelle d’Edgar Allan PoeRéalisationGuillaume MOITONCOURT MÉTRAGE DE GUILLAUME MOITONDurée 17 minutesLien internet ProductionProduit par 2017 FILMS – LyonVincent MICHAUD, Sylvain REBOUXAnnée de production 2013Formats disponibles DVD, fchier digital SynopsisAppleProres, H264, MKV,…français sous titré anglaisUne étrange épidémie avait envahi la contrée du jeune comte Prospero. Avec quelques courtisans bien choisis, il se retrancha dans son somptueux châ-teau afn d’échapper à ce mal. Au bout de quelques mois, ignorant la maladie, il décide d’organiser une Contactsgrande soirée masquée, prétexte à tous les excès... Guillaume MOITONCependant, la Mort reste indifférente à tous ces arti- 06 62 95 11 27 - 2017 FILMS – LyonVincent MICHAUD 06 61 19 91 24 - vmichaud08 KAY 06 20 66 81 81 – 2 PA G ELe masque de la mort rouged’après la nouvelle d’Edgar Allan PoeLa nouvelle d’Edgar Allan PoeCette nouvelle a été publiée pour la première fois en 1842. Une version révisée est parue en 1845, faisant par-tie du recueil des Nouvelles Histoires Extraordinaires » traduites en français par Charles Baudelaire. Elle se situe dans la tradition du roman gothique, et a souvent été analysée comme une allégorie sur l’inéluctabilité de la résumé de la nouvelleL’histoire se situe dans une abbaye fortifée, dans laquelle le prince Prospero s’est enfermé, avec mille de ses courtisans, afn de fuir l’épidémie foudroyante de Mort Rouge, terrible féau qui frappe le pays. Indifférents aux malheurs des populations frappées par la maladie, ils mènent alors une vie parsemée de vices et de plaisirs en toute sécurité derrière les murs de l’ nuit, Prospero organise un bal masqué dans sept pièces de l’abbaye, décorées et illuminées, chacune d’une couleur différente bleu, pourpre, vert, orange, blanc, violet. La dernière est tapissée de noir et éclairée par une lumière rouge sang. Elle inspire une si grande crainte aux invités que rares sont ceux qui osent s’y aventurer. Il s’y trouve une grande horloge d’ébène qui sonne sinistrement à chaque heure ; alors, chacun arrête de parler et l’orchestre cesse de jouer. Durant la soirée, Prospero remarque une fgure dans une robe qui ressemble à un linceul, avec un masque sem -blable au crâne dépeignant une victime de la Mort Rouge. Se sentant gravement insulté, Prospero exige qu’on lui donne l’identité de l’invité mystérieux. Mais, comme nul n’ose obéir, il tire un poignard et le poursuit à travers les sept pièces. Quand il arrive dans la septième pièce, le mystérieux personnage se retourne et fait face à Prospero, qui s’effondre, mort. Les courtisans, horrifés et furieux, se jettent sur l’inconnu et lui arrachent son masque, mais découvrent que le costume est vide. Tous comprennent qu’il s’agit de la Mort Rouge elle-même, et ils succombent peu après à la PA G ELe masque de la mort rouged’après la nouvelle d’Edgar Allan PoeNote d’intentionNous avons choisi cette nouvelle afn de pouvoir développer une ambiance et un univers mystérieux et propice au fantastique qui nous inspirait beaucoup. L’histoire se prête à une adaptation visuellement très forte, que ce soit à travers le décor un château, tour à tour vaste, luxueux, puis tortueux et inquiétant, les costumes, la bande sonore, par laquelle nous avons choisi de faire peser la menace de la maladie, et bien sûr, les masques, chacun étant révélateur du caractère de celui qui le ce que raconte la nouvelle, ici sous la forme d’un conte macabre, est universel, intemporel. D’apparence anodine, cette histoire convoque plusieurs thèmes importants, qu’ils soient philosophiques la volonté de conjurer la mort, sociaux les riches indifférents aux souffrances du peuple vont en subir les conséquences, malgré leurs artifces et leur supposé supériorité, ou encore psychologiques l’importance des masques, et donc de l’inconscient.Notre adaptation diffère de la nouvelle en ce sens que la Mort Rouge la peste, l’épidémie n’est pas personni-fée. Elle est invisible, mais palpable, à travers des sons, des ressentis les scènes de visions des personnages, des souffes. Elle entoure le château, prenant peu à peu possession de lui, cf. la scène dans la cave, étouffant ses habitants. A la fn, Prospero part dans les étages à la recherche de ce qu’il pense être l’origine du mal. Il se retrouve en-fermé dans une pièce, piégé face à son refet dans le miroir… Ce qui le ronge est à l’intérieur de lui même, c’est son inconscient, son refus de voir la vérité en face. Et la vérité ressurgit toujours, en l’occurrence, elle attend les douze coups de minuit pour sortir du miroir, sous la forme d’un personnage contaminé, qui s’accroche à Prospero, le contaminant également. Alors, les masques tombent… et tous ces beaux moments passés à festoyer, à se prélasser, ne sont alors plus qu’un souvenir perdu dans le passé…4PA G ELe masque de la mort rouged’après la nouvelle d’Edgar Allan PoeHéloise LEVEAU - IsabelleEddy BIGNARDI - ProsperoYann GUILLARME - EdouardRomain ARMAND - VictorEquipeIMAGEJulie PRIEST, Ludovic TOBALDIDECORS & DIRECTION ARTISTIQUEEt aussi... Dorothée DUBARD...Patrice LE MEHAUTE MUSIQUE ...Maud FOUASSIER Eric VIDAL... Aurélien TIMONIER ...Magali LEON… MONTAGEBenjamin MOUGINOTSONStudio MIROSLAV PILON5PA G ELe masque de la mort rouged’après la nouvelle d’Edgar Allan PoeBiographieAprès des études de cinéma à l’université Lumière Lyon 2 où il a pu se former à la réalisation avec trois courts métrages, Guillaume MOITON décide d’adapter avec quelques camarades une nouvelle de Guy de Maupas-sant, La Main d’Ecorché. Cela donnera L’EMPREINTE 2003 court métrage en costumes, tourné en noir et blanc, dans lequel on suit un jeune homme possédé peu à peu par le pouvoir d’une relique d’un genre assez particulier … Réalisé avec peu de moyens, ce premier coup d’essai dépeint une plongée progressive dans la folie, et affche une ambiance particulière, à la frontière du fantastique et du suit une nouvelle adaptation d’un célèbre auteur, Edgar Allan Poe. LE MASQUE DE LA MORT ROUGE met en scène Prospero, un prince mégalomane, dirigeant sa cour d’une main de fer, et se croyant au dessus de toutes règles. Lorsque la Peste encercle ses terres, il préfère s’enfermer dans son château pour festoyer, fermant les yeux sur la réalité, qui ne tardera pas à le rattraper…Lauréat Déf Jeunes, le projet bénéfcie d’un budget plus élevé. De ce flm se dégage à nouveau une ambiance à la lisière du fantastique, marquée par une esthétique plus maîtrisée les costumes et les masques ont été réa-lisés spécialement pour le flm.Parallèlement à la réalisation de clips, Guillaume MOITON produit également les DVDs des déflés de fn d’année de l’école internationale de stylisme ESMOD MOITON revient à la fction en 2010, via un concours organisé par Philips Cinéma et Ridley Scott Associates, avec un court métrage intitulé MEMORIES. Ce projet est l’occasion de mélanger les formats et de tourner à la fois en HD et en super8 le flm raconte en effet comment un homme amnésique tente de retrouver ses souvenirs, à travers des objets de son partir de 2011, Guillaume MOITON participe régulièrement aux flms de Robin ENTREINGER, en tant que 1er assistant réalisateur de ses deux premiers longs métrages VICTIMES thriller psychologique - 2011 et SADIK 2 comédie horrifque – 2013.En avril 2012, Guillaume MOITON termine un court métrage de 30 minutes, LINDA, qui a été présenté au Short Film Corner de Cannes 2012. Situé dans un monde post apocalyptique, il s’agit d’un huis clos, d’un face à face entre un homme et une femme. Oscillant entre tension et contemplation, le flm s’intéresse à leur relation, et à la manière dont celle-ci évolue face à un environnement hostile. Après deux projections lyonnaise et parisienne, le flm démarre sa carrière dans les festivals de courts MOITON
Préfacedes Editions de Londres « Le masque de la mort rouge » (« The Masque of the Red death ») est un conte d’Edgar Allan Poe paru en 1842 dans le Graham’s Lady’s and Gentleman’s Magazine. C’est une nouvelle où Poe s’exerce magistralement au genre gothique. Résumé de l’histoire. Une épidémie de mort rouge, une peste d’une violence effroyable, frappe la contrée. Offrez gratuitement la lecture de cet article à un proche Le masque de la mort rouge et autres histoires extraordinaires » L’article sera disponible à la lecture pour votre bénéficiaire durant les 72h suivant l’envoi de ce formulaire, en cliquant sur le lien reçu par e-mail. Assurez-vous que la personne à laquelle vous offrez l’article concerné accepte de communiquer son adresse e-mail à L’Express. Les informations renseignées dans ce formulaire sont destinées au Groupe L’Express pour l’envoi de l’article sélectionné à votre proche, lequel sera informé de votre identité. Pour toute information complémentaire, consulter notre Politique de protection des données. .
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